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^ ^ LE SYMBOLISME ^ -»

trépas, et, par une route de dangers, ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie, patrie de l'ombre et des tourbillons .

(( Je dus voyager, distraire les enchantements amassés dans mon cerveau. Sur la mer, que j^ aimais comme si elle eût du me laver d'une souillure, je voyais se lever la Croix consolatrice. J'avais été damné par V arc-en- ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver. Ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la Force et à la Beauté. »

Cet enthousiasme de la mer, ne le retrouvons-nous pas dans Bateau ivre, poème d'une beauté de légende, obscur parfois, mais plein de génie, avec une ardeur d'expression qui n'a pas été surpassée ou même égalée ?

« J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades

Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. Des écumes de fleurs ont béni mes dérades Et d'inefl'ables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer, dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais ainsi qu'une femme à genoux.

Presqu'île ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles, Des noyés descendaient dormir h reculons.

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