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formité d'opinions littéraires, pour des discussions amicales, l'helléniste et poète Alexandre Desrousseaux — aujourd'hui député socialiste Bracke — et leurs opinions si diverses n'amenèrent jamais de conflit malséant.

Moréas cependant continuait ses travaux. Il s'était adonné à faire revivre les Contes de rancienne France dans une langue rajeunie avec tant de science et de poésie qu'elle ne perdait point sa saveur. Il préparait déjà cette Iphigénie, célèbre avant de paraître et qui triompha aussi bien à Paris que dans Orange ou Athènes; car, imitée à la fois de Racine et d'Euripide, elle demeurait personnelle. La dernière prière d'Iphi- génie est toute de l'inspiration du poète. Le caractère d'Achille notamment est très différent de ce qu'on le voit dans Racine. L'honneur et l'amour ne sont plus seuls à le faire agir : il y a, comme dans Euripide, le froissement d'amour-propre né d'une décision prise sans le consulter dans un fait qui le concerne.

Enfin il donnait d'abord les deux premiers livres, puis le recueil entier des Stances. C'est le chef-d'œuvre du poète : un chef-d'œuvre. Ces courtes pièces sont, chacune, un pur joyau ; l'ensemble, un collier d'amé- thystes. Plus de mots clinquants, plus de sentiments bizarres. Modelé par la vie et par quelque inavouée tristesse, le poète a été fidèle au plan qu'il avait tracé pour lui et les siens. Il a cherché non plus à décrire des sensations, à mettre le lecteur dans la confidence