Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/40

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■^ LE SYMBOLISME ^-

telots ^ » . Mais il n'a pas l'âpreté du poète des Fleurs du Mal et je ne sais quoi de lassé en lui fait com- prendre cette boutade de Charles Gros : (( Mallarmé, c'est un Baudelaire cassé en morceaux qui n'a jamais pu se recoller. » Néanmoins une personnalité cu- rieuse se faisait jour dans le poète. Il mérite certaine- ment le nom de poète impressionniste. Il a des pein- tres de cette école le goût de procéder par taches. Sa syntaxe même s'en ressent. Pour donner plus de rapidité à sa pensée, il supprime les conjonctions, les prépositions, souvent, et comme les Goncourt, le verbe. Gelui-ci, d'ailleurs, avait à ses yeux le tort de trop préciser l'action, de vouloir conter quelque chose au lieu de contraindre l'esprit à suivre le cours de sa pensée par des reflets et des mirages, comme on chercherait la topographie d'une ville engloutie par les remous brillants qui se plissent à ses clochers. Par ailleurs, s'il lui semble utile d'appuyer plus sur un détail, il redoublera la négation d'une façon toute imprévue :

Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux, Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe, Nuits ! Ni la clarté déserte de la lampe Sur le vierge papier que sa blancheur défend, El ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai '^.

1. Mallarmé, Brise marine. Vers et Prose. Didier-Perrin , éditeur.

2. Ibidem.

^<,'^ 2 2 cîg'îsi,,