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Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/131

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CALTHON ET COLMAL

s’éveille au milieu de ma demeure. J’étends la main vers ma lance, comme aux jours des autres années ; j’étends la main, mais elle est faible, et les soupirs de mon sein deviennent plus fréquents. Fils du rocher, ne veux-tu point écouter le chant d’Ossian ? Mon âme est pleine des jours passés ; la joie de ma jeunesse revient. Tel apparaît le soleil dans l’Occident, quand les pas de sa lumière ont traversé l’orage : les vertes collines lèvent leurs têtes humides de rosée et les bleus ruisseaux se réjouissent dans la vallée ; le vieux guerrier est appuyé sur son bâton et ses cheveux blancs brillent à la lumière. Ne vois-tu pas, fils du rocher, un bouclier dans le palais d’Ossian ? Il porte l’empreinte du choc des batailles, et l’éclat de ses bosses est terni. Le grand Dunthalmo, chef des rives du Teutha, portait ce bouclier ; il le portait dans la guerre, avant de tomber sous la lance d’Ossian. Prête l’oreille, fils du rocher, au récit des autres années.

Rathmor était chef de Clutha. Les faibles habitaient son palais. Les portes de Rathmor n’étaient jamais fermées et ses festins étaient toujours étalés. Les fils de l’étranger venaient et bénissaient le chef généreux de Clutha. Les bardes chantaient, ils touchaient la harpe et la joie brillait sur le visage des affligés.

Dunthalmo vint dans son orgueil et provoqua Rathmor au combat. Le chef de Clutha triompha et la rage remplit le cœur de Dunthalmo. Il revint pendant la nuit avec ses guerriers et le grand Rathmor succomba : il succomba dans son palais où souvent ses festins avaient été étalés devant les étrangers.

Colmar et Calthon, les fils de Rathmor, étaient encore jeunes. Ils entrent avec la joie de l’enfance dans le palais de leur père ; ils le voient dans son sang ; leurs larmes coulent. L’âme de Dunthalmo s’attendrit à la vue de ces deux jeunes enfants. Il les