terrassé. C’est ainsi que s’éleva ma renommée. Ô mon fils, sois comme le chef de Selma. Quand les superbes viennent à mon palais, mes yeux ne les regardent pas ; mais mon bras s’étend sur les infortunés et mon épée protège le faible.
Je me réjouis dans les paroles du roi. Je pris mes armes retentissantes. À mes côtés se lèvent Diaran et Dargo roi des lances. Trois cents jeunes guerriers accompagnaient nos pas, et les beaux étrangers étaient à mes côtés. Dunthalmo entendit le bruit de notre approche. Il rassembla les forces de Teutha et s’arrêta avec son armée sur une colline. Ils ressemblaient à des rochers brisés par le tonnerre, quand leurs arbres se penchent noircis et dépouillés et que les sources de leurs fentes sont taries.
Le torrent de Teutha roulait dans son orgueil devant le ténébreux ennemi. J’envoyai un barde offrir à Dunthalmo le combat dans la plaine ; mais il sourit avec un sombre orgueil. Son armée s’ébranle et se meut sur la colline, comme le nuage de la montagne, quand les vents sont entrés dans son sein et répandent de tous côtés les ténèbres divisées.
Ils amenèrent Colmar, lié de mille liens, sur la rive du Teutha. Ce chef est triste, mais plein de dignité. Son œil est sur ses amis, car nous étions sous les armes, tandis que les eaux du Teutha roulaient entre l’ennemi et nous. Dunthalmo vint et perça de sa lance le flanc du héros : il roula dans son sang sur le rivage, et nous entendîmes ses derniers soupirs. Calthon se précipite dans le torrent : appuyé sur ma lance, je m’élance à l’autre bord. La race de Teutha tombe devant nous ; mais la nuit vient et Dunthalmo se retire sur un rocher au milieu d’une antique forêt. Son cœur brûlait de rage contre Calthon. Mais Calthon, penché dans sa tristesse, pleurait Colmar tombé, tombé dans sa jeunesse, avant que sa gloire fût connue.