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LA GUERRE DE CAROS

nuit dans les chants ; surveillez les forces de Caros. Je vais aller vers les héros des autres temps, vers les ombres silencieuses de l’Ardven, où mes pères assis sur leurs nuages obscurs, contemplent les guerres à venir. Et toi, Hidallan, es-tu là aussi, comme un météore à demi éteint ? Dans ta tristesse, chef de Balva, apparais à mes yeux !

Les héros marchent en chantant. Oscar monte lentement la colline. Devant lui se posent sur la bruyère les météores de la nuit. Un torrent, dans le lointain, mugit sourdement et par intervalles, les vents gémissent dans les chênes séculaires. Le croissant de la lune descend obscur et rouge derrière la colline. Des voix faibles s’entendent sur la bruyère. Oscar tire son épée !

« Venez, s’écrie le héros, ombres de mes pères ! vous qui avez combattu contre les rois du monde ! Dites-moi les faits des temps futurs et vos entretiens dans vos cavernes, lorsque vous conversez ensemble et contemplez vos fils sur la plaine des braves. »

Trenmor descendit de la colline à la voix de son fils puissant. Un nuage, semblable au coursier de l’étranger, soutenait ses membres aériens. Sa robe est du brouillard de Lano, qui porte la mort aux peuples. Son épée est un vert météore à demi éteint. Son visage est ténébreux et sans forme. Trois fois il soupira sur le héros : trois fois les vents de la nuit rugirent alentour ! Nombreuses furent ses paroles à Oscar ; mais elles n’arrivaient que par lambeaux à nos oreilles et elles étaient obscures, comme les récits des anciens jours, avant que la lumière des chants se levât sur le passé. Il s’évanouit par degrés, comme un brouillard se fond sur la colline dorée par le soleil. Ce fut alors, ô fille de Toscar, que mon fils commença, pour la première fois, à être triste ! Il prévit la chute de sa race. Par moments il était rêveur et sombre comme le soleil lorsqu’il porte un