Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/167

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de fête de Selma, alors qur nous nous disputions le prix du chant, semblables aux brises du printemps, lorsqu’elles volent sur la colline et qu’elles penchent tour à tour les herbes molles et murmurantes !

Minona sortit dans sa beauté, le regard baisse et les yeux pleins de larmes. Sa chevelure flottait doucement sur la brise qui par moments soufflait de la colline. Les âmes des héros furent attristées quand elle éleva sa voix mélodieuse. Souvent ils avaient vu la tombe de Salgar et la sombre demeure de la blanche Colma ; Colma délaissée sur la colline et seule avec sa voix. Salgar avait promis de revenir : mais la nuit descendait autour d’elle. Écoutez la voix de Colma, lorsque seule, elle était assise sur la colline.

COLMA.

Il est nuit, je suis seule, délaissée sur la colline des orages. J’entends le vent sur la montagne. Le torrent roule le long du rocher. Aucune cabane ne m’abrite de la pluie ; abandonnée sur la colline des vents ! — Ô lune, sors de tes nuages ! Levez-vous, étoiles de la nuit ! Qu’une lumière me guide vers l’endroit où seul, mon amour se repose de la chasse, son arc détendu près de lui, ses chiens haletants à ses côtés ! Mais seule ici, il faut donc m’asseoir sur le roc du torrent ! Le torrent et les vents rugissent. Je n’entends pas la voix de mon amour ! Pourquoi, Salgar, pourquoi le chef de la colline diffère t-il sa promesse ? Voici le rocher, voici l’arbre, voici le torrent mugissant où tu m’avais promis de venir avec la nuit. Où mon Salgar est-il allé ? Avec toi je voulais fuir mon père ; avec toi je voulais fuir le frère de mon orgueil. Depuis longtemps nos races sont ennemies ; mais nous ne sommes point ennemis, ô Salgar !

Cesse un instant, ô vent ! Silence un instant, ô torrent ! Que ma voix résonne au loin ! Que mon