Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/206

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decca : sauve-moi, roi de Morven, du courroux de mon père ! »

Le jeune héros, ses guerriers près de lui, s’avança sans crainte. Les fils de la mort tombèrent sous ses coups, et les échos de Gormal en retentirent au loin.

Les enfants de la chasse se sont rassemblés devant le palais de Starno. Les sombres sourcils du roi étaient comme des nuages et ses yeux comme des météores de nuit. « Menez ici, dit-il, menez Agandecca à son gracieux roi de Morven ! Ses paroles n’ont pas été vaines, et la main de Fingal est tachée du sang de mon peuple ! » Elle vint les yeux rouges de larmes : elle vint les cheveux en désordre. Son sein, blanc comme l’écume des ondes du Lubar, était gonflé de soupirs. Starno lui perça le flanc de son épée. Elle tomba comme un flocon de neige qui glisse des rochers du Ronan, quand les bois sont immobiles et que les échos sont muets dans la vallée. Fingal alors regarda ses braves chefs ; ses braves chefs prirent les armes ! la bataille rugit : Lochlin meurt ou fuit. Pâle, dans son vaisseau bondissant, Fingal déposa la jeime fille à l’âme la plus douce. Son touibeau s’élève sur l’Ardven, et la mer rugit autour de son étroite demeure. »

« Bénie soit son âme, dit Cuthullin, bénie soit la voix du barde ! Redoutable fut la jeunesse de Fingal ; redoutable est la vieillesse de son bras ! Lochlin succombera encore devant le roi de Morven. Montre ta face sur les nuages, ô lune ! éclaire sur les vagues ses voiles blanchissantes ; et si quelque esprit puissant du ciel est assis sur cette nue abaissée, détourne des rochers ses noirs vaisseaux, ô toi qui voles au-dessus de la tempête ! »

Ainsi parlait Cuthullin au murmure du torrent de la montagne, quand Calmar gravissait la colline, Calmar, le fils blessé de Matha. Couvert de son sang, il revenait du champ de bataille et s’appuyait sur sa