Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/284

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que distance. Le chant des bardes s’élève sur le mort :

« Bénie soit ton âme, fils de Semo ! Tu fus puissant dans les combats. Ta force était pareille à la force d’un torrent et ta vitesse pareille à l’aile de l’aigle. Dans la bataille, ton passage était terrible : les pas de la mort étaient derrière ton épée. Bénie soit ton âme, fils de Semo, royal chef de Dunscaï ! Tu n’es point tombé par le glaive du puissant et ton sang n’a point rougi la lance du brave. Une flèche, comme l’aiguillon de la mort, est venue dans une brise, mais la faible main qui banda l’arc ne s’en est point aperçue ! Paix à ton âme dans ta caverne, chef de l’île des brouillards !

« Les puissants sont dispersés dans Temora : il n’est personne dans le palais de Cormac. Le roi gémit dans sa jeunesse. Il ne voit point ton retour. Le bruit de ton bouclier a cessé et ses ennemis s’assemblent de toutes parts.

« Doux soit ton repos dans ta caverne, chef des guerres d’Érin ! Bragéla n’espérera plus ton retour et ne verra plus tes voiles dans l’écume de l’Océan. Ses pas ne sont plus sur le rivage ; son oreille n’est plus ouverte à la voix des rameurs. Elle est assise dans la salle des coupes ; elle regarde les armes de celui qui n’est plus. Tes yeux sont pleins de larmes douce fille de Sorglan ! Bénie soit ton âme dans la mort, ô chef de l’ombragée Tura ! »