Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/310

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tienne, guerrier à la main débile ! La lumière de mon âme est ternie par tes actions ! Les bardes ne chanteront point ma gloire ; ils diront peut-être ; « Cathmor était brave, mais il combattit pour le sombre Cairbar. » Ils passeront en silence sur ma tombe et ma renommée ne sera point célébrée. Cairbar, rends la liberté aux bardes. Ce sont les fils des siècles à venir ; leurs voix se feront entendre dans les années futures, alors que ne seront plus les rois de Témora. »

Nous sortîmes à ces paroles du chef et nous le vîmes dans sa force. Il te ressemblait, ô Fingal, lorsque dans ta jeunesse tu levas la lance pour la première fois. Son visage était semblable au soleil lorsqu’il est dans toute sa splendeur ; aucun nuage ne passait sur son front. Il venait alors avec ses’milliers, pour secourir Cairbar aux cheveux roux ; il vient maintenant pour venger sa mort, ô roi de Morven des bois ! »

« Qu’il vienne, s’écria le roi, j’aime un ennemi aussi généreux ; son âme est grande, son bras est fort et ses combats sont pleins de gloire. Mais l’âme du faible est une vapeur qui flotte autour d’un lac marécageux ; elle ne s’élève jamais sur la verte colline, de peur d’y rencontrer les vents : sa demeure est dans les cavernes, et de là elle lance les traits de la mort. Nos jeunes héros, ô guerriers, sont fameux comme leurs pères. Ils combattent dans leur jeunesse, ils tombent et leurs noms survivent dans les chants. Les ténèbres des années s’épaississent autour de moi, mais Fingal ne doit point tomber comme un chêne vieilli à travers un torrent ignoré : le chasseur s’approche et le voyant couché sous le vent, « comment cet arbre est-il tombé ? » Il dit et s’éloigne en sifflant.

« Bardes de Morven, entonnez léchant de la joie ! Que nos âmes oublient le passé. Les rouges étoiles