Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/393

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dire ; je suis couverte des gouttes du ciel ; le temps de mon déclin est proche, l’orage qui doit disperser mes feuilles. Demain le voyageur viendra ; celui qui m’a vue dans ma beauté viendra : ses yeux chercheront dans la plaine, mais ils ne m’y trouveront plus. » Ainsi l’on cherchera envain la voix de Cona quand elle se sera évanouie dans la plaine. Le chasseur sortira avec le matin et la voix de ma harpe ne sera plus entendue. — « Où est le fils de Fingal ? » — Une larme mouillera sa joue. Viens donc, ô Malvina, viens avec ta mélodie ! Conduis Ossian dans la plaine de Lutha ; que sa tombe s’élève dans cette riante vallée. Malvina, où es-tu avec tes chants, avec le doux bruit de tes pas ? Fils d’Alpin, es-tu près de moi ? où est la fille de Toscar ?

LE FILS D’ALPIN.

Ô fils de Fingal, j’ai passé près des murs moussus de Torlutha ; la fumée du foyer avait cessé ; le silence était parmi les arbres de la colline. La voix de la chasse n’était plus. Je vis les filles de l’arc ; je m’informai de Malvina ; mais elles ne répondirent pas ; elles détournèrent leurs visages ; une faible obscurité voilait leur beauté. Elles étaient comme des étoiles, la nuit, sur un mont pluvieux, chacune regardant faiblement à travers le brouillard.

OSSIAN.

Doux soit ton repos, rayon charmant ! Bientôt tu t’es couchée sur nos collines ! Les pas de ton départ ont été majestueux, comme la lune sur la vague bleue et tremblante. Mais tu nous as laissés dans les ténèbres, ô première des filles de Lutha ! Nous sommes assis près du rocher, et là, il n’est aucune voix, aucune lumière, excepté le météore enflammé ! Tu t’es couchée bientôt, ô Malvina, fille du généreux Toscar. Mais tu te lèves comme le rayon de l’Orient