Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/402

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torrents descendent des plaines du ciel. Mais quand tu t’avances dans ta douceur, le souffle du matin accompagne tes pas. Le soleil rit dans ses plaines azurées ; le ruisseau gris serpente dans sa vallée ; les buissons balancent à la brise leurs têtes vertes, et les chevreuils bondissent vers le désert.

« Il est un murmure sur la bruyère ; les vents orageux s’apaisent ! J’entends la voix de Fingal ; longtemps elle fut absente de mon oreille : « Viens, Ossian, viens, me dit-il ; Fingal a reçu sa gloire. Nous avons passé comme des flammes qui ont brillé leur temps. Notre départ a été glorieux. Quoique les champs de nos batailles soient sombres et silencieux, notre nom vit dans les quatre pierres grises. La voix d’Ossian a été entendue et la harpe a été accordée dans Selma. Viens, Ossian, dit-il, viens avec tes pères voler sur les nuages ! » Je viens, je viens, ô roi des hommes ! La vie d’Ossian s’évanouit : je vais bientôt disparaître de Cona. On ne voit plus mes pas dans Selma. Je m’endormirai près de la pierre de Mora, et les vents, sifflant dans mes cheveux gris, ne m’éveilleront plus. Éloigne-toi sur tes ailes, ô brise, tu ne peux plus troubler le repos du barde. La nuit sera longue, mais ses paupières sont pesantes. Éloigne-toi, brise frémissante !

«  Mais pourquoi es-tu triste, fils de Fingal ? Pourquoi le nuage de ton âme augmente-t-il ? Les chefs des temps passés sont partis et leur gloire s’est éteinte avec eux. Les fils des futures années passeront : une autre race viendra. Les peuples sont comme les vagues de l’océan ; comme les feudles des bois de Morven : elles tombent au souffle de la tempête et d’autres feuilles lèvent au ciel leurs têtes verdoyantes.

« Ta beauté a-t-elle duré, ô Ryno ? La force d’Oscar a-t-elle résisté au temps ? Fingal lui-même n’est-il pas parti ! Les palais de ses pères ont oublié ses