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CHANT DEUXIÈME.

Selma, comme une brise agréable ; mais les chefs devaient, chacun à leur tour, commander dans le combat, jusqu’à ce que le danger devint plus grand : alors c’était l’heure du roi pour vaincre sur la plaine. »

« Les actions de nos pères ne nous sont point inconnues, répondit Cromma-glas ; mais aujourd’hui qui commandera l’armée avant l’heure du roi ? Le brouillard descend sur ces quatre sombres collines : caché dans ces brumes, que chaque guerrier frappe sur son bouclier, les esprits descendront peut-être au milieu des ténèbres pour désigner parmi nous celui qui doit commander.

Ils montèrent chacun sur sa brumeuse colline. Les bardes écoutèrent les sons des boucliers : le tien, Duth-maruno, résonna le plus haut ; c’est donc à toi de nous conduire dans le combat.

Avec un bruit pareil au murmure des eaux, la race d’U-thorno descendit dans la plaine. Starno conduit l’armée avec Swaran, roi des îles orageuses. Au-dessus de leurs boucliers de fer ils regardent devant eux, semblables à Cruth-loda, l’esprit aux yeux de feu, lorsqu’il se montre derrière la lune obscurcie et qu’il répand ses signes sur la nuit. Les ennemis se rencontrèrent près du torrent de Turthor. Ils se pressent et se heurtent comme les sillons enflés des vagues, leurs coups retentissants se mêlent ; la mort plane et promène son ombre sur les deux armées ; tels deux nuages de grêle portant les vents impétueux dans leurs plis : leurs ondées tombent et rugissent ensemble, et au-dessous d’eux l’abîme s’enfle et roule sombrement. Lutte sanglante d’U-thorno, pourquoi compterais-je tes blessures ? tu es avec les années évanouies, tu t’effaces de mon âme !

Starno conduisait l’arrière-garde et Swaran l’aile sombre de l’armée. Ton épée, Duth-maruno, n’est point un feu inoffensif. Les guerriers de Lochlin sont