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COMALA.

HIDALLAN.

Les nations sont dispersées sur leurs collines ; elles n’entendront plus la voix du roi.

COMALA.

Que la confusion te poursuive sur tes plaines ! Que la destruction t’atteigne, toi, roi du monde[1] ! Que peu soient tes pas vers ta tombe et qu’une seule vierge te pleure ! Qu’elle soit, comme Comala, pleine de larmes dans les jours de sa jeunesse ! Pourquoi m’as-tu dit, Hidallan, que mon héros est tombé ? J’aurais espéré quelque temps son retour ; j’aurais pensé le voir sur le rocher éloigné ; un arbre m’aurait trompée par sa forme, et le vent de la colline aurait été le son de son cor à mon oreille. Oh ! que ne suis-je sur les rives du Carun ! mes larmes seraient brûlantes sur sa joue !

HIDALLAN.

Il ne repose pas sur les rives du Carun : les héros élèvent sa tombe sur l’Ardven. Du haut de tes nuages, ô lune, regarde-les ! Que ton rayon soit brillant sur le sein de Fingal, et que Comala le voie dans l’éclat de son armure !

COMALA.

Arrêtez, enfants de la tombe, jusqu’à ce que j’aie vu mon amour ! Il me laissa seule à la chasse. Je ne savais pas qu’il marchait au combat. Il me disait qu’il reviendrait avec la nuit ; et c’est ainsi qu’est revenu le roi de Morven ! Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’il devait tomber, ô tremblant habitant du rocher[2] ! Tu le voyais dans le sang de sa jeunesse et tu ne l’as pas dit à Comala.

  1. Roi du monde, l’empereur romain.
  2. Par le « tremblant habitant du rocher » elle veut dire un druide.