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CARRIC-THURA

les chants. » — Viens, ô Frothal, viens à la fête d’Inistore ; que la vierge de ton amour y vienne avec toi, et que la joie brille sur nos visages ! »

Fingal prend sa lance et s’avance d’un pas majestueux. Les portes de Carric-Thura sont ouvertes ; le festin des coupes est étalé et les doux sons de la musique s’élèvent. La gaîté brille dans le palais ; la voix d’Ullin se fait entendre et la harpe de Selma est accordée. Utha se réjouissait de sa présence ; elle lui demanda le chant de la tristesse, et de grosses larmes tremblèrent dans ses yeux, quand le barde fit parler la douce Crimora ; Crimora la fille de Rinval, qui demeurait près du torrent de Lotha. L’histoire fut longue, mais touchante : elle plut à la rougissante Utha.


CRIMORA.

Qui vient de la colline, comme un nuage teint des rayons de l’occident ? De qui est cette voix, haute comme le vent, mais agréable comme la harpe de Carril ? C’est mon amour dans l’éclat de son armure ! Mais la tristesse est sur son front obscurci. N’est-elle plus la puissante race de Fingal, ou quelle pensée assombrit l’âme de Connal ?

CONNAL.

Elle vit la race de Fingal ; elle revient de la chasse comme un torrent de lumière. Le soleil est sur leurs boucliers. Comme un sillon de feu ils descendent la colline. Bruyante est la voix de la jeunesse ! La guerre approche, ô mon amour ! Demain le terrible Dargo vient éprouver la force de notre race. Il défie la race de Fingal, la race de la bataille et des blessures.

CRIMORA.

Connal, j’ai vu ses voiles comme un brouillard gris sur les vagues sombres. Elles s’approchent len-