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Citons aussi le fabuliste Khemnitser (1744-1784), le poète lyrique Derjavine (1743-1816) et l’épigrammaliste Vassily Kapnist (1757-1824).

La Révolution Française amène chez Catherine II une réaction de tendances et d’idées. La tournure des événements en France lui fait peur et provoque de sa part une opposition d’autant plus violente que de 1779 à 1792 des associations secrètes se forment à Moscou sous la direction de deux hommes d’avant-garde, Novikov (1744-1818) et Schvartz[1]. En 1790, Alexandre Raditchev (1749-1802), un précurseur de Bakounine et l’un des premiers idéologues-martyrs russes, publie un ouvrage : Voyage de Saint-Pétersbourg à Moscou où il peint la misère (les paysans, la corruption des fonctionnaires, l’ignorance des masses et réclame l’émancipation des serfs. Le livre fut brûlé par ordre de l’amie de Voltaire et l’auteur, déporté en Sibérie orientale. Gracié sous le règne d’Alexandre Ier, Raditchev présenta à l’empereur un projet de code civil qui commençait ainsi : « La tolérance et la liberté de conscience doivent être absolues. » Voyant l’insuccès de ses efforts et menacé d’un nouvel exil, Raditchev finit par se suicider.

Nous sommes à une nouvelle période des lettres russes, marquée par Nicolas Karamzine (1765-1826). Auteur de l'Histoire de l’Empire de Russie en douze volumes, des Lettres d’un vogageur russe, des romans : Pauvre Lise, La fille du boyard, Karamzine joua un

  1. D’origine étrangère : vint en Russie en 1776, mourut en 1784.