Page:Ossip-Lourié - La Psychologie des romanciers russes du XIXe siècle.djvu/224

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consistera vivre de façon que la mort ne puisse pas anéantir la vie. — Impression générale. — L’imagination. — Facilité merveilleuse d’évocation et absence de composition. — Aucune unité d’action. — Descriptions minutieuses. — Longueurs. — Détails. — L’œuvre de Tolstoï ressemble à un édifice architectural. — Langue. — Style. — Mots nouveaux. — Absence d’ironie. — Pessimiste dans ses romans, Tolstoï est optimiste dans son œuvre abstraite. — Analyse de cette antinomie psychologique apparente. — Le stoïcisme. — Dans son déisme comme dans son pessimisme, Tolstoï n’a pas dépassé Spinoza et Schopenhauer. — Critique des phénomènes sociaux. — Tolstoï appartient à la catégorie des beaux génies qui ont honoré l’humanité.


Cet homme de génie a mis l’empreinte de ses pas sur tant de chemins de la vie et de la pensée, il suggère tant d’idées diverses que l’on hésite, sans pouvoir s’arrêter à aucune des visions différentes qui hantent l’esprit. Son effort littéraire est continu, immense et perplexe et sa vie peut être considérée comme le premier de ses ouvrages, comme la matière de la plupart d’entre eux. Tolstoï est l’un des principaux personnages de ses romans. L’évolution de sa vie comme celle de son œuvre a suivi une voie logique. Elle a passé par trois étapes successives, par trois phases de développement : 1° la Jeunesse ; 2° l’Age viril et 3° la Vieillesse. Jeune, il suffit à Tolstoï de vivre, de rendre sa vie plus complète, plus intense. Son exubérance vitale se donne libre cours. À l’âge viril, dans la plénitude de ses forces, il aspire à produire, il a — à travers des moments de doute — la foi dans le progrès, dans l’action. L’âge de fatigue vient, Tolstoï brûle ce qu’il adorait et, pour éviter le vide de l’existence, il se crée une nouvelle foi, un nouveau sens de la vie... Il en est de même dans son œuvre.