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VII

TCHÉKHOV


Rien du grand art aux larges envolées. — Peintre d’une partie de la vie russe. — Personnages à peine différenciés : malades, neurasthéniques, fous, ratés, impuissants. — La salle n° 6. — La vie de province. — Stigmates de la déséquilibration mentale. — Paralysie de la volonté. — Amyosthénie. — Hypertrophie du moi. — Pessimisme et fatalisme. — La misère morale des intellectuels ne diffère pas de celle des paysans. — Les moujiks. — La nature parait à Tchékhov aussi malade que les hommes. — Le cercle d’observations de l’auteur est borné par les étroites limites de la petite existence de petites gens et de petites choses. — Absence de profondeur. — Objectivisme et impersonnalisme excessifs. — L’homme dans un étui. — L’ensemble est plus intéressant que le détail. — La raison du succès de Tchékhov : son œuvre morne est la peinture exacte de l’état d’âme d’une grande partie des Russes pendant les vingt dernières années du xixe siècle. — La vie intellectuelle et sociale est bâillonnée. — Les maisons de fous et les prisons regorgent. — Tchékhov el Nadson.


Observateur minutieux, Tchékhov ne voit qu’une partie de la vie russe, il la saisit, il la rend sans la colorer, sans l’animer. Il dessine, il caricaturise, ou il prend simplement des photographies instantanées, mouvantes et précises sur un objectif toujours obscur. Rien du grand art aux larges envolées.

Anton Tchékhov naquit en 1860 à Taganrog, sur la mer d’Azov. Sa famille appartient à la petite bourgeoisie. Son grand-père et son père furent des serfs. Reçu docteur en 1884 à la Faculté de médecine de Moscou, il exerça son art dans un village, l’abandonna bientôt pour se consacrer aux lettres. Il mourut d’une hémoptysie, en 1904.