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revenez, car le droit est de mon côté.

30 Y a-t-il de l’iniquité dans ma langue ? Et mon palais ne sait-il pas discerner mes malheurs ?



Job continue à se plaindre de sa misère, et prie Dieu d’avoir pitié de son état.


1 N’y a-t-il pas comme une guerre ordonnée aux mortels sur la terre, et leurs jours ne sont-ils pas comme les jours d’un mercenaire ?

2 Comme un serviteur ne soupire qu’après l’ombre, et comme un ouvrier attend son salaire,

3 ainsi on m’a donné, pour mon partage, des mois qui ne m’apportent rien ; et on m’a ordonné des nuits de travail.

4 Si je suis couché, je dis : Quand me lèverai-je, et quand est-ce que la nuit aura achevé sa mesure ? et je m’inquiète cruellement jusqu’au point du jour.

5 Ma chair est couverte de vers et de mottes de poudre ; ma peau se crevasse et se dissout.

6 Mes jours ont passé plus légèrement que la navette d’un tisserand, et ils se consument sans espérance.

7 Souviens-toi, Éternel ! que ma vie est un vent, et que mon œil ne reverra plus le bien.

8 L’œil de ceux qui me regardent ne me verra plus ; tes yeux seront sur moi, et je ne serai plus.

9 Comme la nuée se dissipe et s’en va, ainsi celui qui descend au sépulcre ne remontera plus.

10 Il ne reviendra plus dans sa maison, et le lieu où il était ne le connaîtra plus.

11 C’est pourquoi je ne retiendrai point ma bouche ; je parlerai dans l’affliction de mon esprit, et je m’entretiendrai dans l’amertume de mon cœur.

12 Suis-je une mer, ou quelque grand poisson, que tu m’aies ainsi resserré ?

13 Quand je dis : Mon lit me soulagera, ma couche emportera quelque chose de ma peine ;

14 alors tu m’étonnes par des songes, et tu me troubles par des visions.

15 C’est pourquoi je choisirais d’être étranglé, et de mourir, plutôt que de conserver mes os.

16 Je suis ennuyé de la vie, et je ne vivrai pas toujours. Retire-toi de moi ; car mes jours ne sont que vanité.

17 Qu’est-ce que de l’homme mortel, que tu en fasses un si grand cas, et que tu penses à lui,

18 que tu le châties chaque matin et que tu l’éprouves à tout moment ?

19 Jusqu’à quand différeras-tu de te retirer de moi ; et ne me permettras-tu point d’avaler ma salive ?

20 J’ai péché ; que te ferai-je, conservateur des hommes ? Pourquoi m’as-tu mis pour être en butte, et pour m’être à charge à moi-même ?

21 Et pourquoi n’ôtes-tu pas mon péché, et ne fais-tu pas passer mon iniquité ? car je vais m’endormir maintenant, dans la poussière ; et si tu me cherches le matin, je ne serai plus.



Bildad censure Job, comme contestant avec Dieu sur sa justice.


1 Alors Bildad Sçuhite prit la parole et dit :

2 Jusqu’à quand parleras-tu ainsi, et les paroles de ta bouche seront-elles comme un vent impétueux ?

3 Le Dieu fort renverserait-il l’équité ? et le Tout-Puissant renverserait-il la justice ?

4 Si tes enfants ont péché contre lui, il les a aussi abandonnés à leur péché.

5 Mais si tu recherches le Dieu fort dès le matin, et que tu demandes grâce au Tout-Puissant ;

6 si tu es pur et droit, certainement il se réveillera pour toi, et il fera régner la paix dans l’habitation de ta justice.

7 Et si ton commencement a été petit, ta dernière condition sera beaucoup plus grande.

8 Car, je te prie, interroge les races précédentes, et applique-toi à