Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/123

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des corps oxydants sur l’acide chlorhydrique. Quand on eut reconnu que l’acide chlorhydrique était formé de chlore et d’hydrogène, on vit dans le chlore l’oxyde d’un élément inconnu, le murium. Les anciennes dénominations conservées en pharmacie, muriate et oxymuriate de potasse pour chlorure et chlorate de potassium, sont, comme le mot oxygène, les débris fossiles de ces théories disparues.

Berzélius trouva ces idées sur les sels généralement acceptées, quand il entreprit de donner dans son traité une théorie des combinaisons chimiques, pour remanier la classification ; les expériences d’électrolyse, dont nous parlerons bientôt, confirmaient cette théorie des sels.

La théorie de Berzélius remonte aux premières années du xixe siècle, et nous ne devons pas être surpris qu’elle ait gardé un caractère électrochimique, car la chimie a été longtemps condamnée à refléter dans ses propres théories les progrès que faisaient les sciences voisines. Quand, avec Galilée et ses disciples, la mécanique était florissante, la chimie était mécanique, et on attribuait aux atomes des pointes, des tranchants et des crochets, qui expliquaient les réactions chimiques. Quand Newton, généralisant la notion de pesanteur, eut parlé d’attraction universelle, on attribua les combinaisons chimiques à l’attraction qui s’exerçait entre les atomes. Il était donc