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tées et la transformation en sel, etc. Berzélius se procura des quantités suffisantes de cet acide « racémique » et se convainquit que l’acide et ses sels ont exactement la même composition que l’acide tartrique et ses sels, quoique leurs caractères soient différents. Les deux acides se ressemblaient tellement, qu’il ne semblait même pas possible d’admettre, comme dans le cas de Faraday, qu’une des combinaisons contint deux fois plus d’atomes que l’autre. On ne pouvait d’ailleurs à cette époque le montrer bien nettement, mais nous savons aujourd’hui que, au moins à l’état solide, l’acide tartrique est exactement dans le rapport du simple au double avec l’acide racémique.

Berzélius introduisit le concept et le nom d’isomères pour des corps de même composition doués de propriétés différentes, et il distingua la métamérie de la polymérie, suivant que les formules des deux combinaisons étaient identiques ou que l’une était un multiple de l’autre. Nous avons gardé la dénomination et le concept.

Pour expliquer la différence des propriétés de corps ayant même composition centésimale brute, Berzélius, d’accord avec ses contemporains, songea à un arrangement différent des atomes dans l’intimité de la molécule. Ici aussi, sa prévoyance scientifique et sa circonspection sont dignes d’admiration : dans sa revue annuelle, il expose avec de grands détails que les produits obtenus dans la