Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/134

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La théorie des radicaux était le développement naturel du dualisme électrochimique, car les oxydes, considérés comme les parties constitutives des sels oxygénés, représentaient déjà des cas de radicaux aussi simples que possible. Cette théorie avait conduit à penser que, dans la molécule, certains groupes d’atomes sont plus étroitement liés entre eux. L’étude du cyanogène, de l’ammoniaque et de leurs combinaisons montrait la grande ressemblance que peuvent présenter avec des éléments certains corps composés : le cyanogène est tout à fait comparable aux halogènes, et l’ammonium, aux métaux alcalins.

En chimie organique, on donna au concept de radical plus de variété, mais on lui enleva de sa précision. Dans les combinaisons organiques non salines, on doit admettre, conformément au dualisme électrochimique, l’existence simultanée de parties constitutives, positives et négatives de divers ordres, plus ou moins compliquées, pour l’existence desquelles les réactions ne fournissent que des données imprécises, pouvant présenter plusieurs interprétations contradictoires : il y avait donc là pour les chimistes matière à procès. Cette indétermination signifiait que le mode de raisonnement électrochimique convenait moins bien à cette nouvelle branche de la science, et lui préparait déjà des difficultés.

Bientôt les contradictions furent plus graves, car