Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/194

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Enfin, les vues d’Arrhenius expliquent des faits qu’on connaissait depuis longtemps et qu’on n’avait jamais compris. Les différents réactifs employés pour l’analyse des sels n’indiquent jamais le sel comme tel, mais n’en font reconnaître que les parties constituantes ou ions. Ainsi, les chlorures précipitent le sel d’argent, quel que soit le métal ou le radical avec lequel le chlore est ou plutôt était uni. Et comme réactif de ces combinaisons chlorées, point n’est besoin de recourir à l’habituel nitrate d’argent : tout sel d’argent soluble dans l’eau peut servir. Auparavant, on ne pouvait en comprendre la raison, seulement on ne s’étonnait plus de ce fait parce qu’on le rencontrait tous les jours. Aujourd’hui, tout est expliqué d’un coup : les réactions d’analyse se passent entre ions, et, pour qu’elles se produisent, il faut bien que les ions correspondants soient là. L’ion argent réagit sur l’ion chlore, et, s’ils se rencontrent tous deux dans une solution, le précipité de chlorure d’argent se forme, quels que puissent être les autres ions. Ces derniers n’ont en effet aucune importance, parce qu’ils existent libres à côté des ions chlore et argent.

On doit à cette géniale théorie de multiples éclaircissements sur les questions les plus diverses et il m’est impossible de les rassembler ici. Mais cela n’est plus nécessaire aujourd’hui : tous les commençants connaissent les grandes lignes de la