Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/27

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que la potasse, parce que les sels obtenus avec les mêmes acides n’ont pas même forme cristalline, ni même solubilité dans l’eau. Voilà au point de vue historique l’origine de cette idée générale que des substances différentes sont caractérisées par des propriétés différentes, de telle sorte que, quelle que soit la forme sous laquelle se présente une substance, elle a qualitativement et quantitativement les mêmes propriétés.

D’ailleurs, il s’en fallait de beaucoup que la non-variabilité de ces propriétés fût bien déterminée. On admettait, alors, que, d’après le mode de préparation, des substances élémentaires elles-mêmes, comme le fer, l’or et l’étain, pouvaient présenter des différences de qualité comme le pain, le vin et autres produits de fabrication arbitraire. Quand et comment arriva-t-on à reconnaître plus généralement que ces différences des substances tiennent à la présence de petites quantités de substances étrangères, et que les propriétés dépendent d’autant moins de l’origine de la substance qu’elle est plus complètement purifiée de ces substances étrangères ? On n’en a pas encore fait l’objet d’une étude historique : en tout cas, la chose était connue à la fin du xviiie siècle, car, à cette époque, la Commission des poids et mesures de la République française définit le gramme : le poids d’un centimètre cube d’eau pure à 4° C. ; les membres de cette Commission ne doutaient donc pas que ce poids fût toujours le même,