Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/294

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D’ailleurs l’hypothèse des chocs était insoutenable ; les catalyseurs organiques, les ferments ou, comme on dit maintenant, les enzymes agissent tout à fait comme les catalyseurs inorganiques correspondants. La théorie de ces actions n’a pas encore été donnée, mais nous avons acquis une indication précieuse, nous savons qu’il s’agit d’un processus très général, et que, pour être bonne, la théorie devra avoir ce caractère de généralité. Dans la polémique entre Liebig et Berzélius, la victoire resta d’abord à Liebig, dont les idées furent acceptées par les contemporains et les successeurs. La même pensée fut remise en avant des côtés les plus divers, et tous ses partisans semblaient avoir cru faire eux-mêmes une découverte importante s’y rattachant. Rappelons encore la théorie (1894) d’un chimiste célèbre qui s’était occupé avec un zèle et un succès tout particuliers de physiologie : « la catalyse est un mouvement mécanique des atomes dans les molécules des corps instables ; elle se produit par la force émanée d’un autre corps, et, avec déperdition d’énergie, aboutit à la formation de corps plus stables ».

La moindre faute de cette conception est qu’on ne puisse ni prouver ni mesurer ces mouvements supposés ; on n’a pas pu prouver non plus l’existence des atomes et cependant, depuis longtemps, l’hypothèse atomique est un outil scientifique très utile, et qui a fait ses preuves. Mais voici