Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/333

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là déjà un acte conscient) ; il se trouve ainsi au plus bas degré intellectuel. D’un autre côté, nous trouvons cette faculté de prévoir au plus haut degré chez un homme supérieur, savant, homme politique ou industriel ; on reconnaît qu’un tel homme sait prévoir mieux et plus loin que ses adversaires ou ses rivaux.

Nous considérons comme connus les objets que nous pouvons prévoir. Au milieu d’eux, nous nous sentons chez nous et leurs dépendances prévues dans l’espace et le temps nous sont intelligibles. Nous leur donnons le nom d’objets réels, en tant qu’il s’agit d’impressions des sens. La locution ne s’applique qu’à ce qu’on appelle le monde extérieur ; la « réalité » de nos pensées est trop intuitive pour que nous y réfléchissions. Elles constituent le premier élément de la conscience d’un fait quelconque. On dit que les songes, les hallucinations sont irréels parce qu’on y voit le monde extérieur échapper à ses règles que l’expérience nous a enseignées. Autrement dit, les prévisions basées sur notre expérience des objets extérieurs ne s’y réalisent pas. Mais dès que les phénomènes de ce genre rentrent dans une loi ou réalisent une prévision, ils passent dans le domaine de la réalité. Ce fait est illustré par l’exemple de l’hypnotisme. Le résultat du premier examen fut qu’il n’y avait là que des imaginations : ces phénomènes étaient irréels. Aujourd’hui, l’étude des conditions qui