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temps, d’autres éléments de formation nouvelle apparaissent dans les solutions[1]. Cela nous force à transformer radicalement l’idée que nous nous faisions des éléments connus jusqu’ici.

Il y a encore une remarque à faire. D’une manière générale, on connaît aujourd’hui les réactions chimiques beaucoup plus exactement qu’il y a vingt ans ; en particulier, on a étudié les lois qui en règlent la vitesse. Les vitesses chimiques connues jusqu’ici varient beaucoup avec diverses circonstances, avec la température, par exemple. Au contraire, nous ne connaissons encore aucun moyen d’agir sur la vitesse avec laquelle le radium accomplit sa transformation : il rayonne avec la majesté d’un soleil absolument isolé. Quelle que soit la combinaison dans laquelle nous l’introduisions, quelles que soient les variations de température et de pression, il ne nous donne qu’une seule constante de temps naturelle et absolue. Il pourrait nous servir d’horloge et cette horloge ne serait déréglée par aucune perturbation d’aucune sorte. D’ailleurs, ce n’est là que le résultat brut des premières observations, et d’innombrables détails restent encore à étudier. Mais ce qui précède suffit à faire voir quelle modification fondamentale va subir l’ancienne notion d’élément.

  1. À vrai dire quelques-uns de ces résultats ont été contestés depuis. Il faut attendre les résultats définitifs de ces travaux, dont s’occupent plusieurs savants distingués.