Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/56

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avec formation d’un précipité. Mais on peut démontrer la même chose dans le cas où tout reste dissous, seulement c’est un peu plus long. Mélangeons par exemple du sulfate de potasse et de l’azotate de soude : la solution reste neutre ; cela peut tenir à ce que les deux sels restent inaltérés en présence l’un de l’autre, et alors rien ne serait prouvé. Prenons maintenant de l’azotate de potasse et du sulfate de soude. Toutes les mesures que nous pouvons faire sur le mélange montrent qu’il a exactement les mêmes propriétés que le premier ; par suite il contient les mêmes sels et dans le même rapport. Si donc, dans le premier cas, il n’y avait pas eu de déplacement réciproque, dans le second cas, le déplacement eût été complet. Si, dans le premier cas, il y a eu un déplacement partiel, il y a aussi dans le second cas un déplacement partiel, mais en sens inverse. Dans l’une des solutions au moins, et vraisemblablement dans les deux, il s’est produit un déplacement. Puisque les deux solutions sont restées neutres, il s’ensuit que les acides et les bases ont été mis en liberté précisément dans un rapport tel qu’ils se neutralisent exactement.

Les détails, que je suis obligé de donner à propos de ces raisonnements, suffisent à montrer qu’ils ne rentrent pas dans les façons de penser familières aux chimistes de nos jours. En fait, ces considérations et d’autres analogues sont actuellement d’une façon presque générale remplacées par des consi-