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A. — Il s’est constitué une immense solidarité économique, un patrimoine commun à toutes les Nations. En effet :

1° Le principe a été formulé qu’en temps de guerre, assistance de chaque État est due à tout citoyen endommagé et que les États entre eux devront assistance financière à la victime de l’agression.

2° Le moratorium Hoover pose le principe qu’on ne peut exécuter une nation pour motif de dettes et revient indirectement aux conventions de La Haye de 1897, intervenues à ce moment à la demande des nations sud-américaines.

3° La crise allemande de 1931 a posé le principe d’assistance des États nécessiteux ou privés de moyens par les États riches ou en possession de moyens.

4° Un avoir mondial, infime il est vrai mais réel, est constitué par les actifs de la Société des Nations et des Unions Internationales.

5° Si la pensée de M. Mussolini devient un principe, la communauté des patrimoines deviendra plus apparente encore : « Il faut, a-t-il dit en juillet 1931, mettre le monde capitaliste en demeure de diriger vers les pays affamés les richesses accumulées et restant stériles dans d’autres pays, non pas pour sauver le capitalisme, mais pour sauver la classe ouvrière et la paix. » Il y a communauté d’intérêt en régime pacifique de libre-échange. Il y a même communauté en régime troublé. L’autarchie comme principe méconnaît seule cette communauté.

6° On voit les nations combattre le socialisme chez elles, mais les voilà amenées, sous le signe de la solidarité, à établir un véritable socialisme entre elles. Autrefois on convoitait la richesse du voisin et par la guerre on se l’appropriait. Aujourd’hui on est porté à la considérer presque comme sienne et à en disposer. Le président Hoover, dans son plan, disposait sans avertissement préalable des annuités dues par l’Allemagne en propre à la France et à la Belgique — la réclamation de crédit quasi impérieuse de l’Allemagne. Les nations ont réclamé des crédits, des crédits dont