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d’origine, parce que celui-ci se trouve dans des conditions de supériorité naturelle ou acquise. Quant à l’exportation ses avantages sont les suivants : a) Utiliser certaines richesses naturelles ou forcées, productives, qui resteraient sans emploi si elles ne trouvaient un débouché au dehors. b) Servir à acheter les produits, les matières premières et les denrées alimentaires qui font défaut dans le pays, ou ne s’y trouvent qu’en quantité insuffisante pour ses besoins, c) Abaisser les prix de revient des produits industriels, et par là même développer l’industrie nationale, car la division du travail et les progrès de la grande production sont en, raison de l’étendue des débouchés.

D’une manière générale, la richesse de chaque individu dépend de la somme des produits apportés sur le marché. Quand les marchés se mondialisent, concentrant la totalité des produits existants, la richesse de chacun s’en accroît d’autant. Il n’est pas de marchandises situées en quelque partie du globe qu’en y mettant le prix il n’était possible avant guerre à un Parisien de faire venir à Paris. C’est là une expression de puissance réelle. Mais aujourd’hui le commerce international est de plus en plus réduit. L’autarquie des États s’y oppose. Arrivé à un certain degré de saturation, le libre-échange non organisé a conduit moins à une concurrence loyale qu’à l’exploitation des uns par les autres.

LA VIE EST DEVENUE INTERNATIONALE.


Francis Delaisi a écrit cette page qui mérite en sa forme de devenir classique. Il dépeint ainsi en 1925 la vie d’un bourgeois de Paris.

Le matin, dès son réveil, M. Durand se lave à l’aide d’un savon (fabriqué avec l’arachide du Congo) et s’essuye avec une serviette de coton (de la Louisiane). Puis il s’habille : sa chemise, son faux-col sont en lin de Russie, son pantalon et son veston en laine venue du Cap ou de l’Australie ; il orne son cou d’une cravate de soie faite avec les cocons du Japon ; il met ses souliers dont le cuir fut tiré de la peau d’un bœuf argentin, tannée avec des produits chimiques allemands.