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lectuels, moraux, religieux. Ils sont dans l’espace, nationaux ou internationaux, dans le temps, jeunes générations contre anciennes.

La révolution est aussi à envisager sous l’angle international.

Si ne devaient pas réussir les procédés pacifiques mis en œuvre en ce moment par les pacifistes du monde, pour arriver à la paix organisée, alors probablement faudra-t-il tenter d’en imposer par la force. D’où ce paradoxe : la paix par la violence. Mais celle-ci non plus exercée entre peuples, mais par les peuples contre les minorités profitant partout du régime néfaste et périmé de la guerre ou de son équivalent, la paix armée. Mourir pour mourir, il est préférable de donner sa vie pour reconquérir la liberté que de la perdre pour une boucherie.

A. C. Ayguesparse a dit : « La guerre civile est la seule guerre propice au prolétariat, parce qu’elle est un moindre mal. La puissance des forces destructives de la guerre impérialiste expose en face des épisodes de la guerre civile. L’extermination massive n’est d’aucun secours contre le processus de décomposition révolutionnaire qui envahit les armées dans les tranchées, les équipes d’ouvriers militarisés, les villes où bourgeois et prolétaires vivent côte à côte. Ni la stratégie militaire, quand c’est de combat de rue qu’il s’agit. Ainsi la seule sauvegarde du prolétariat tient toute dans la nécessité révolutionnaire de transformer la guerre impérialiste en guerre civile. C’est le point où l’exemple de Lénine rejoint la pensée de Marx. Celui de Liebknecht aussi. »

La révolution est tantôt un coup de force d’une minorité, de quelques-uns, voire d’un seul ; tantôt elle est l’explosion d’une protestation, d’une indignation, d’une colère populaire. Il y a toute une gamme, allant du simple mécontentement à la démonstration séditieuse ou armée. Albert Thierry (Réflexions sur l’Éducation) a défini ainsi les trois conceptions de la Révolution) :

1o La révolution : émeute. — Une émeute politique, moins que rien : un tumulte d’un jour, grandiose et criard, glorieux, superficiel et qui le lendemain laissera