fiction de ce que l’on appelle « l’esprit universel » de Laplace. Fiction selon laquelle une intelligence qui, pour un instant doué, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’Univers et ceux des plus légers atomes ; rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé seraient présents à ses yeux. L’esprit humain offre dans la perfection qu’il a su donner à l’astronomie une faible esquisse de cette intelligence.
On croyait donc, il y a encore quarante ans, que tous les phénomènes devaient nécessairement s’encadrer dans cet ensemble de conceptions théoriques, découlant logiquement de l’analyse infinitésimale et constituant un édifice solidement établi dans ses éléments les plus importants. Selon cette opinion, tout le cycle des progrès essentiels de la physique était au complet, rien ne semblant devoir se manifester qui fut une nouveauté véritablement essentielle…
Notre conception de la science a évolué. Elle fut d’abord statique (stabilité des choses animées seulement d’un certain nombre de mouvements lents), puis dynamique (tout en mouvement), et maintenant génétique. Dans la forme antérieure, le savant analysait les phénomènes actuels et courants, les rangeait sous des lois et si possible sous des formules mathématiques. Le savant actuellement s’intéresse de plus en plus à la manière dont ces lois ont agi en fait. Aux effets qu’elles ont produit jusqu’à nous ne suffit plus la constatation : telle cause étant donnée, telle conséquence en résulte. On s’est posé la question : la cause a-t-elle été donnée, la conséquence a-t-elle été produite ? Et où en sommes-nous de cet enchaînement causal ? Ainsi dans tous les domaines le facteur « temps » a pris une importance capitale.
Dans le fait cosmique, on envisage la cosmogonie, la classification de l’univers stellaire d’après son passé, les