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d’idées ; c’est une colonisation des uns chez les autres, des uns par les autres. Les hommes se transportent et s’installent eux-mêmes à l’étranger, avec leurs capitaux, ou sous leur direction ; ils s’y créent des établissements. Ils agissent ainsi réciproquement. Les uns suppléent par là aux manquants des autres et ainsi se prolonge, de pays en pays, le phénomène national de la colonisation intérieure, grâce auquel la population peut augmenter encore sur un même territoire, pourvu que les derniers arrivants l’utilisent économiquement à de nouveaux points de vue. Mais l’autarchie a arrêté ce mouvement.

Caractéristiques des parties de la Terre. — Chaque partie de la Terre a ses grandes caractéristiques. L’Europe occupe la première place dans le monde. Sans avoir une population aussi dense que celle de l’Inde et de la Chine centrale, elle contient près du quart des habitants du globe. Elle est depuis vingt-cinq siècles le principal foyer de rayonnement pour les sciences, les arts, les idées nouvelles. Le foyer s’est déplacé du Sud-Est au Nord-Ouest. Avec le temps, hors de doute cependant que l’égalité finira par prévaloir entre l’Amérique et l’Europe et aussi entre toutes les parties du monde. Ce sont les heureuses conditions du sol, du climat, de la forme et de la situation du continent qui ont valu aux Européens d’être arrivés à la tête de l’humanité et non la vertu propre des races qui la composent. L’Europe très dentelée, très entourée de mers a pu de bonne heure donner lieu à des émigrations et à un concours entre les hommes. En Asie, les hauts plateaux centraux ont enlevé toute facilité géographique à l’accès des terres intérieures et des péninsules environnantes. L’Afrique présente une masse lourde et massive. L’Australie continentale est pleine de monotonie, privée de toute variété. L’Amérique du Nord, elle, a ressemblance avec l’Europe. L’Amérique du Sud est couverte de forêts et de nappes d’eau. Mais de plus en plus l’intervention de l’homme y crée la mobilité dans ce qui était immobile, et l’unité dans ce qui était séparé.

Valeur des parties de la Terre. — La forme générale