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Pour comprendre à fond le moindre phénomène, l’être le plus infime et à plus forte raison, pour comprendre l’homme dans ses rapports avec le monde et réciproquement, il est nécessaire de ne rien isoler des connexions des sciences avec toutes les autres, leur dépendance, pour toutes, étant réciproques.

Le problème, en ce temps comme en tous les temps, consiste à trouver un système qui cadre à la fois avec la complexité et l’ampleur reconnue dans la Réalité entière et la « bouillance » que constituent les deux milliards d’humains intellectuels, développés et informés, physiquement en rapport les uns avec les autres.

LA PHILOSOPHIE.


La synthèse c’est l’œuvre de la philosophie conçue au sens général et dont on peut reconnaître une histoire en cinq phases.

1° Le développement de la pensée en Orient depuis ses origines. — 2° Histoire de la pensée dans le monde gréco-romain. S’étend jusqu’au IIIe siècle de l’ère chrétienne. — 3° La philosophie au moyen âge. La philosophie scolastique. — 4° La philosophie depuis Bacon et Descartes jusqu’à nos jours. — 5° La phase dans laquelle nous sommes entrés et qui est caractérisée à la fois par la crise de tous les systèmes, la recherche dans toutes les directions, l’aperçu de données et directions nouvelles.

La philosophie de la nature date des débuts même de la pensée. La philosophie est même conçue, à l’origine, comme étant la science universelle et n’est à ce titre qu’une philosophie de la nature, surtout sensualiste en Ionie, surtout rationaliste dans la Grande Grèce.

Socrate réagit contre cette tendance et prend l’homme comme point de départ et même comme unique objet de réflexion. La plupart de ses disciples s’arrêtèrent, comme lui, sur le seuil des sciences physiques. Platon réintègre dans ses préoccupations la philosophie de la nature, qui est chez lui purement métaphysique et spéculative. Aristote essaie de constituer la physique pour elle-même sur l’observation aidée de la raison. Après lui, Épicure renouvelle le mécanisme de Démocrite et