Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 385 —

centaines de mille employés n’ont d’autre occupation que d’inscrire dans des livres des titres de reconnaissance et dans des correspondances les transferts de propriété des biens avec les sociétés de crédit. L’économie se subtilise parce que c’est dans des séances de conseil que les courants du commerce se déterminent ; c’est sans intervention matérielle d’aucune sorte que la valeur des patrimoines, de la monnaie même hausse, s’inflationne et se déflationne.

Et quant à la politique on assiste à ce spectacle qui tient de la féerie : le pouvoir, l’autorité n’est plus cette chose bien matérielle et bien concrète d’un chef, d’un roi, tenant sa puissance du sang et par son intermédiaire de Dieu lui-même, qui l’a fait oindre pour gouverner. Ce pouvoir est tout fluidique, tout gazeux, tout abstrait. N’est plus reconnu de pouvoir que dans la mesure où la fonction l’exige. Que soit modifiée celle-ci sans autre acte de volonté active ou passive ; voilà que perdant son support, il advient une sorte de déflation du pouvoir parallèle à une inflation qui se produit d’un autre côté.

La légalité, matérielle et tangible, s’efface pour ne laisser en présence que le droit, un droit dynamique, un droit qui est conçu comme une synthèse de relations tenues ensemble parce qu’elles sont coordonnées à quelque point central.

On peut, comme cadre d’étude et sans préjuger de l’existence ou inexistence des éléments étudiés, concevoir une échelle de spiritualisation croissante (ou matérialisation décroissante) en 10 degrés : les roches et les pierres ; les animaux ; l’homme physique ; l’homme intelligent ; les philosophies universalistes ; la pensée incorporée dans les documents ; les voyants ; les mystiques ; les êtres agiles, subtils et impassibles (les anges) ; les êtres admis à la vision béatifique directe de l’Infini et de l’Unité.

On peut concevoir aussi un point d’où se dérouleraient toutes les choses du monde, un point d’où chacun apercevrait que sa conscience, sa volonté, son sentiment ne sont que des aspects du grand total, l’aspect appro-