Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/200

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tionaux, trafiquant ou établissant des entreprises à l’étranger, ensuite des organes collectifs d’initiative commerciale, industrielle et financière, en territoires étrangers. Les rivalités économiques dès lors, au lieu de s’élever d’individus à individus surgissent de nation à nation. Les occasions involontaires de conflits se multiplient tandis que prévaut d’autre part l’opinion qu’il faut vouloir des guerres économiques : guerres d’agression ou de défense préventive.

Les forces en action tendent à détruire l’économie nationale. Mais l’expansion de la civilisation, la multiplication et l’amélioration des moyens de transport ont deux conséquences principales : concentrer de plus en plus la production dans les zones que réalisent les conditions géographiques les plus favorables, créer un afflux permanent croissant des produits du dehors. Par là elles ont modifié et modifieront toujours davantage dans l’avenir la vie économique nationale. Deux exemples sont fournis par la Suisse et la Hollande. Rien ne met mieux eu lumière le degré de dépendance économique où en sont arrivées les nations que la situation de ces pays pendant la guerre. Pour continuer à vivre, sans continuer à exporter, condition première de leur vie telle qu’elle était organisée, il a fallu à ces pays négocier leurs approvisionnements avec les deux groupes des belligérants. De là sont sorties les ingénieuses organisations du trust néerlandais et du trust suisse, lesquels se sont même tendu les mains par-dessus l’Allemagne.

3. À la vérité un rôle échoit à l’économie nationale à côté de l’économie internationale. Il serait faux notamment de vouloir pousser à l’extrême le principe de la division du travail d’après les spécialités des régions, comme le demande la fameuse théorie des produits naturels. Une industrie serait naturelle quand elle trouve ses matières premières dans le pays même et celle-là seulement serait digne de l’intérêt des pouvoirs publics. Le mot « naturel » n’a plus de sens aujourd’hui dans l’économie, alors qu’à côté des richesses naturelles d’autres facteurs prennent chaque jour plus d’importance et tendent à égaliser les territoires dans la concurrence économique ; le bon marché des transports, la force motrice et le combustible, le travail, (intelligence et énergie des habitants). Il est « naturel » de faire coexister plusieurs structures économiques. Ce peut être une force pour certains intérêts d’être groupés localement, pour d’autres de l’être par région, par pays ou mondialement. Il faut de la souplesse dans l’organisation et admettre qu’une structure n’exclut pas l’autre, admettre aussi la pluralité des processus. Dans chaque ordre d’activité ce n’est pas nécessairement à l’intermédiaire de la structure de l’ordre immédiatement supérieur que doit forcément s’établir le lien d’organisation. Les activités individuelles peuvent être directement rattachées aux organismes généraux sans connaître des organismes