Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/218

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verses conventions internationales intéressant les travailleurs ont été conclues entre les gouvernements. Il existe une Association internationale pour la protection des travailleurs qui a produit un travail considérable et le socialisme international a agi dans le même sens.

Les questions internationales concernant les travailleurs sont de deux sortes : a) La protection des travailleurs nationaux à l’étranger et corrélativement celle des travailleurs étrangers dans le pays. b) Les ententes pour uniformiser les conditions du travail dans tous les pays, conclues soit en vue du bien-être du travailleur, soit en vue de l’amélioration des conditions de concurrence de l’industrie.

Les mêmes raisons économiques qui demandent l’intervention éventuelle de l’État pour refréner la concurrence à l’intérieur des frontières exigent aussi des conventions internationales, car la concurrence existe entre mêmes industries dans tous les pays du monde. La création et la dilatation progressive du marché mondial imposent avec urgence l’internationalité des lois sur le travail afin d’empêcher la concurrence victorieuse des pays sans protection aux pays protégés. Déjà le ministre Posadowski disait au Reichstag, le 10 janvier 1915 que l’Allemagne avait intérêt à conclure des conventions internationales sur la législation du travail, afin d’éviter la concurrence désastreuse des pays non protégés, par exemple l’interdiction du travail nocturne à toutes les femmes, l’interdiction de la fabrication des allumettes contenant du phosphore blanc. De telles interdictions visent l’intérêt des industriels. Mais l’intérêt ouvrier lui-même demande cette internationalisation. Pendant longtemps les lois protectrices du travail ont eu un caractère exclusivement national. C’est de cette idée que s’inspirent encore certains projets français qui limitent aux ouvriers français le bénéfice des lois votées. Mais en dernier lieu on tendait à s’éloigner de vues aussi étroites. L’on ne faisait pas de distinction entre les ouvriers nationaux et étrangers, ou bien l’on subordonnait l’égalité de traitement à la réciprocité[1]. On sera donc amené à internationaliser toutes les lois dites sociales et en même temps celles relatives aux assurances accidents, maladie, chômage, vieillesse. On devra trouver pour cela aussi des moyens de contrôle international. Ainsi on reconnaîtra cette loi absolue que toute question sociale est une question internationale, et que c’est par des traités industriels analogues aux traités de commerce que la question ouvrière pourra être, non pas résolue, mais améliorée[2].

  1. Conventions italo-françaises de 1905 et de 1906, en matière d’accidents du travail. Traités de réciprocité ouvrière en cas d’accidents entre l’Italie et l’Allemagne (1909) et entre l’Italie et la Hongrie (1909). Prato, Le protectionnisme ouvrier, 1912. — Renard, Droit international ouvrier. — Albert Métin, Les traités ouvriers ; accords internationaux de prévoyance et de travail.
  2. Un Comité consultatif des conventions internationales en matière de prévoyance sociale et d’assistance a été créé en France en décembre 1915. — Le