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léables, pouvant recevoir et garder une empreinte, facilement divisibles, résistants à l’usage (pièces en fer de dix pfennigs pendant la guerre). Avec le progrès et le développement du crédit on a étendu le pouvoir libératoire de la monnaie à de simples coupures de papier, aux billets de banque, aux mandats-poste, aux bons de virement, aux virements comptables. À cause des monnaies différentes usitées en tous pays, les banques se servirent de bonne heure d’une monnaie idéale (Standard), simple unité de compte, en laquelle on convertissait toutes les transactions. Elle n’est pas représentée par des pièces métalliques en circulation. Plus tard, la monnaie elle-même a été en se « spiritualisant ». La matérialité des métaux a fait place à la moindre matérialité du papier, puis à l’immatérialité plus grande encore d’un simple « droit » à une somme de monnaie s’écrivant dans un compte de banque après virement ordonné par lettre, câble ou téléphone. Le système des virements, grâce aux services postaux, a acquis un rapide développement et a même déjà été partiellement internationalisé.

2. Étalon monétaire. — On entend par monnaie métallique un certain poids de métal monnayé, servant de commune mesure dans les échanges, et étant par sa valeur intrinsèque un équivalent. Les monnaies se font en métaux précieux, combinés avec un autre métal qui leur donne de la dureté (titre, frai-tolérance).

Dans tous les pays ou l’on monnaye deux métaux précieux, l’or et l’argent, comme étalons, il a fallu établir un rapport de valeur fixe, ou proportion monétaire, entre ces métaux, c’est-à-dire déterminer combien il faut de pièces d’argent pour équivaloir à une pièce d’or du même poids. Ce régime diffère de pays à pays. Dans les pays de l’Union latine et aux États-Unis ce rapport est 15 ½ bien que la valeur marchande de l’argent ait sensiblement diminué. En Russie, pays à double étalon, le rapport est 23 ¼. Dans les pays monométallistes, la seule monnaie qui ait pouvoir libératoire illimité est la monnaie d’or ; les pièces d’argent ne sont considérées que comme marchandise ordinaire ou monnaie d’appoint. L’or est devenu, en fait, l’étalon monétaire universel, le métal international par excellence. C’est-à-dire qu’il y a consentement universel, à défaut même de loi internationale, pour faire de lui l’instrument libératoire entre tous pays. La plupart, des pays sont légalement monométallistes-or : Angleterre (1816), Portugal (1854), Allemagne (1873), États Scandinaves (1875), Finlande (1878), Roumanie (1890), Autriche (1892), Russie (1897), Japon (1897), Pérou (1901). Il ne reste plus guère comme pays bimétallistes que le groupe dit de l’Union latine (France, Italie, Belgique, Suisse et Grèce), la Hollande, l’Espagne, les États-Unis, le Mexique et les Indes. Les États de l’Amérique du Sud sont presque tous au régime du papier-monnaie. Les pays d’Asie