Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pièce d’or, avec avers uniforme pour tous pays et côté opposé où se montreraient les figurines nationales[1].

255.3. LA BANQUE. — La banque, devenue organe principal de la vie économique, soulève bien des questions intéressantes au point de vue mondial. Nous nous bornerons à en indiquer quelques-unes.

1. Rôle actuel. — Les progrès de la technique bancaire ont été considérables dans les dernières années. La Banque multiplie les services qu’elle rend aux particuliers, aux commerçants, aux industriels, voire aux administrations publiques et aux États. Il est de son essence d’étendre sans cesse ses ramifications, succursales et syndicats, de manière à pouvoir toucher un plus grand nombre de personnes, de pouvoir porter plus loin les canalisations par lesquelles circulé le capital, et par là elle est un instrument d’internationalisation. La Banque aide l’industriel à créer son industrie ; elle lui avance l’argent nécessaire pour constituer son fonds de roulement ; elle escompte les traites à longue échéance et permet par des renouvellements de promesse que le vendeur fasse de longs crédits (les Allemands font en Amérique du Sud de longs crédits, parfois de deux ou trois ans, en Orient souvent de plus d’un an). Le capital des banques s’est accru sans cesse. L’Allemagne, par exemple, a neuf banques de plus de 100 millions de marks (Dresdener Bank 200 millions, Disconto 227 millions, avec dividende de 8 à 10 % ; Deutsche Bank 300 millions, avec chiffre d’affaires annuel de 130 milliards et dividende de 11 à 12 ½ %). En France existent cinq grands établissements financiers à un capital de plus de 200 millions. Le système des banques du Royaume-Uni est consolidé en entité financière disciplinée sous l’autorité d’un Conseil de banquiers siégeant à la Banque d’Angleterre. L’escompte fait aux affaires dépassait annuellement 28 milliards en Allemagne (venant de 5 milliards il y a 25 ans). Le montant total du règlement, effectué par l’intermédiaire des Chambres de compensation s’y élevait à 37 milliards, — en France à 26 milliards. La Banque est le pivot du mécanisme économique moderne.

2. Crédit et crises internationales. — C’est la confiance publique qui détermine les capitalistes à céder au travail, à des conditions déterminées, l’usage de leurs capitaux. Elle est l’âme du commerce (J. Say). Or la confiance publique est faite de la considération d’éléments de plus en plus nombreux, de plus en plus généraux, de plus en plus solidaires. Tous les facteurs de la vie économique agissent sur elle, toutes les économies nationales et même locales. C’est pour le crédit surtout qu’est vraie l’image des vases communiquants. Les événements actuels ont montré une fois de plus combien la crainte même de la guerre doit influencer légitimement les prévisions sur l’avenir économique. La politique internationale a influencé les affaires et les crédits toutes

  1. Jean L’Homme, En 1916, p. 131.