Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



28.
FACTEURS JURIDIQUES : LE DROIT INTERNATIONAL




Le droit constitue, avec la morale, la religion et la politique, l’un des grands systèmes lentement créés par l’intelligence et la volonté des hommes pour commander à l’activité humaine.

Le droit international n’est pas un rameau indépendant du vaste tronc du droit. Il y est solidement attaché et ne fait qu’un avec lui. Il y a donc lieu tout d’abord de se rendre compte de ce qu’est en soi le système juridique, sur quoi il se fonde et quelle réalité objective possède l’idée de justice. Le droit particulariste à ses origines s’est unifié de plus en plus ; il faut donc considérer sa tendance à l’universalisation et les étapes déjà parcourues dans cette voie. Cet examen conduit à celui du droit international privé, ensemble des règles pour aplanir les conflits entre les droits nationaux et qui, influencé lui-même par l’unification du droit, tend à l’assimilation de l’étranger au national dans la sphère des intérêts privés. Le droit international public, enfin, met en présence les problèmes les plus difficiles, soulevés par la guerre : l’existence de ce droit, sa codification, le respect dû aux traités, les infractions aux règles établies, les procédés d’adaptation du droit, et comme conclusion les principes sur lesquels devra être fondé le nouveau droit international.

281. Le Droit en général.

281.1. NOTIONS. — 1. Le droit est défini l’ensemble des lois et coutumes qui régissent un peuple. C’est tantôt la règle édictée par un pouvoir assez fort pour imposer sa volonté, tantôt la convention faite par deux personnes, capables d’en appeler à une force sociale d’exécution suffisante. D’une manière plus précise, le droit est la faculté de faire quelque chose, d’en jouir, d’en disposer, d’y prétendre, de l’exiger, soit que cette faculté résulte naturellement des rapports qui s’établissent entre les personnes, soit qu’on la tienne seulement du pacte social, des lois positives, des conventions particulières. Attribuant la première place tantôt à tel élément, tantôt à tel autre, on a donné du droit des définitions caractéristiques : « les lois, c’est la tutelle de l’élite sur la foule, l’inoculation de la sagesse aux insensés, la socialisation des anarchiques, l’éducation des cerveaux bruts, la lente transformation du sauvage en civilisé, la transfiguration graduelle de l’anthropoïde en homme » (Izoulet). « Le droit est le sou-