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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/425

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de 1911 relatifs au Maroc et à la cession d’une partie du Congo auraient mis fin à la tension entre la France et l’Allemagne. Il n’en fut rien. L’Angleterre et l’Allemagne avaient aussi réglé certaines questions pendantes par un accord relatif à l’Afrique. En outre, à la veille de la guerre les deux pays négociaient un nouvel accord dont l’Afrique encore faisait une de ses bases. Néanmoins ces mesures n’arrivèrent pas à provoquer la détente entre eux.

La conclusion des accords généraux prouve cependant que quand des gouvernements veulent réellement la politique d’entente ils peuvent la réaliser. L’antagonisme est maintenu pour lui-même, bien plus que ne l’entretient la lutte pour des objectifs déterminés. Voilà la vérité.

4. Conclusions au sujet des alliances. — L’étude des alliances conduit à quelques conclusions générales : a) La durée de deux grandes alliances actuelles a été remarquable. L’alliance franco-russe a débuté il y a 23 ans, l’alliance austro-allemande il y a 34 ans. Dans ces conditions de longévité le régime de l’alliance acquiert le caractère d’une institution. En Allemagne déjà avant la guerre on parlait des conditions d’une « alliance perpétuelle » avec l’Autriche. — b) L’intervention italienne dans la guerre démontre que les alliances, basées uniquement sur les exigences politiques au lieu d’être soutenues par les sympathies et fondées sur la poursuite d’un idéal national ne peuvent pas résister à une crise comme celle qui a mis l’Italie en présence d’elle-même. — c) L’alliance peut fausser le jeu de la politique intérieure. L’influence de la France sur le développement des institutions politiques intérieures de la Russie dans un sens libéral a été très faible. Au contraire, la tribune et la presse française, toujours prêtes autrefois à dénoncer les abus de la Russie, sont devenues presque silencieuses depuis l’alliance. — d) Les alliances offrent une garantie bien précaire. On sort des alliances au moment critique (Italie). On entre dans les alliances alors qu’on s’y attend le moins (l’Angleterre). On conclut des alliances imprévues (Turquie, Balkaniques). « Les Autrichiens, disent les Italiens, ont mis ironiquement à profit notre crédulité pour dissimuler par de longues années des préparatifs d’attaque contre nous. » Déjà un an avant la guerre un publiciste allemand écrivait : « Le présent système des relations d’État à État est tellement artificiel et tellement embrouillé par les alliances et les ententes que l’on ne saurait plus y voir clair si on prenait les choses au sérieux et si on ne savait pas comment elles s’annihilent et se contredisent. Quand le premier éclair des canons aura traversé les nébuleuses de cette politique d’universelle crainte de la guerre, ces monstruosités inextricables deviendront transparentes et limpides. » (Daniel Frymann). — e) L’alliance n’a pas en elle-même de principes constructifs. Après 20 ans, 30 ans d’alliance, les choses dans ce qu’elles