Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/477

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1861 la convention de Londres, laquelle stipulait la nécessité d’une intervention. Plus tard, une intervention au Vénézuela pour motifs financiers a pris la forme d’un blocus.

Un mandat a été sollicité par la France et l’Espagne à Algésiras pour rétablir l’ordre au Maroc ; un mandat a été demandé par l’Italie aux puissances pour elle et pour l’Autriche en vue de régler les affaires d’Albanie. Les mesures de concert ont été expressément prévues dans certaines conventions. Ainsi l’accord entre le Japon et les États-Unis (lettres échangées, Washington, 30 novembre 1908) dit ce qui suit : « Si quelque événement menaçant le statu quo ainsi décrit se produit, il resterait aux deux gouvernements à entrer en communication l’un avec l’autre, afin d’arriver à une entente sur les mesures qu’ils pourraient considérer comme utiles à prendre. » Un autre exemple : l’acte relatif au statu quo dans la mer du Nord, 1908 contient cette clause : « Dans le cas où, d’après l’opinion d’un gouvernement désigné ci-dessus (Allemagne, Danemark, France, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Suède), le statu quo territorial actuel dans les régions limitrophes de la mer du Nord serait menacé par des événements quelconques, les puissances signataires de la présente déclaration entreront en communication pour se concerter, par la voie d’un accord à conclure entre elles, sur les mesures qu’elles jugeraient utiles de prendre dans l’intérêt du maintien du statu quo de leurs possessions. »

3. En fait, jusqu’ici, quand les grandes puissances européennes sont intervenues, on les a considérées comme représentant les intérêts généraux de l’Europe. Il y a la une présomption toute gratuite ; les puissances n’étaient pas seulement des quasi-mandataires (negotiorum gestores) mais elles avaient aussi leurs intérêts égoïstes propres et les défendaient. Il est bon pour tous que la fonction d’intervention soit assumée à l’avenir par des organes qui représenteraient vraiment la communauté mondiale tout entière, encore des puissances déterminées sans doute, mais intervenant ensuite de décisions de justice prises ou de mesures concertées par les institutions internationales.

4. Une représentation diplomatique collective a été organisée dans divers cas d’une manière permanente. Ainsi tous les ministres américains à Washington ont la gestion de l’Union Panaméricaine ; tous les ministres à Tanger ont la gestion des affaires locales de Tanger. Chaque fois qu’il y a alliance, il y a mesures prises de commun accord[1]. Dans la crise actuelle l’entente entre gouvernements alliés a dû devenir particulièrement étroite. Les Empires du centre agissent avec la plus grande unité ; ils font véritablement bloc. Les Alliés ont pu déjà pendant plus d’un an et demi réaliser le concert très étroit de mesures non seulement militaires, mais diplomatiques, et cela malgré la forme parlementaire de leurs gouvernements. Ils

  1. Voir n° 294.23. Alliances.