Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/82

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les souverains une influence pacificatrice en intervenant dans leurs conflits pour leur offrir sa médiation ; les Conciles généraux furent les premiers Congrès Européens, où, à côté des questions religieuses, furent tranchés quelquefois des différends entre États chrétiens. Sous ces diverses influences, se formèrent entre les peuples quelques vagues principes communs qui sont comme les premières lueurs lointaines de notre droit, international moderne.

Au moyen âge les nations de l’occident avaient atteint une unité qu’elles ont perdue et qu’elles n’ont pas encore recouvrée. L’autorité de l’Église fut dominée par la nouvelle vie intellectuelle due à l’influence des croisades et la Renaissance agit aussi dans ce sens. D’autres problèmes politiques, intellectuels et industriels surgissent que ni la culture, ni la dévotion, ni la piété du moyen âge n’étaient capables de résoudre. Puis la Réforme vint. Elle mit fin à l’unité de l’Église. La Réforme commença en Allemagne et sépara ce pays de la vie générale de l’Europe.

La Renaissance apporta au monde civilisé l’invention de l’imprimerie, les grandes découvertes des pays lointains, l’extension du commerce, l’abolition des guerres privées, la constitution du pouvoir central de l’État par la disparition des souverainetés féodales, la protection accordée aux ambassades permanentes ; autant de présages des rapports nouveaux appelés à se multiplier entre les nations.

Dans les temps modernes, les grands États achèvent de se constituer, rejetant la suprématie politique de l’Église. Ils cherchent à placer leur indépendance sous la garantie collective des autres États. De là est sorti le principe de l’équilibre européen qui permet aux nouveaux États d’affirmer leur nationalité. Au principe de la force brutale qui avait jusque-là prévalu dans les rapports entre les peuples, fait place celui de l’indépendance politique, de la souveraineté nationale. Le traité de Westphalie (1648) marque la fin de la vieille unité du christianisme et l’avenir de nouveaux liens : la science, l’art, le commerce, l’industrie, les nouveaux idéals du devoir civique, le gouvernement des nations civilisées et éventuellement l’unité, non plus religieuse, mais économique et scientifique de toute l’humanité.

Au cours du XVIIIe siècle, les nations, qui avaient vécu jusque-là presque dans l’isolement, subirent les premiers effets d’une lente transformation. On vit naître une nouvelle manière de concevoir les choses. Les hommes commencèrent à se considérer comme citoyens du monde et cherchèrent à choisir parmi les caractères propres des nations ce qui leur paraissait le meilleur et à l’imiter. La révolution française porte les mêmes idées politiques dans toute l’Europe.

Les Congrès de Westphalie (1648), d’Utrecht (1713) et de Vienne (1815), opposent le maintien mutuel de l’équilibre aux projets ambi-