Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/118

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
115
CORPS DE L’OUVRAGE

L’usage veut que l’auteur explique comment et pourquoi il a écrit son livre, le but qu’il a poursuivi.

Porphyre, disciple de Plotin, mit aux catégories d’Aristote une préface exacte et élégante que la postérité ne sépara plus de l’ouvrage même.

Il faut commencer et terminer la lecture d’un ouvrage par la préface : commencer pour savoir dès l’abord ce que l’auteur promet ; terminer pour contrôler s’il a tenu parole.

Parfois la préface forme une œuvre par elle-même. Ainsi dans les œuvres de Bernard Shaw.

Dans son traité, « Le salaire, l’évolution sociale et la monnaie », M. Fr. Simiand (Paris, Alcan) commence par indiquer aux lecteurs ce qu’ils doivent lire de son ouvrage selon qu’ils disposent d’un peu de temps, d’une heure ou deux, ou de quelques loisirs.

La dédicace est le paragraphe ou la lettre (épître dédicatoire) qui se place au commencement d’une œuvre, ordinairement après la page titre et adressé à la personne à qui elle est offerte. Les dédicaces avaient une grande importance autrefois, où les écrivains, dépendant des seigneurs, devaient manifester de cette dépendance en la proclamant publiquement.

La préface doit définir le but, l’esprit et le plan de l’ouvrage.

Postface. — Elle a sa raison d’être lorsque la publication de l’ouvrage s’est poursuivie sur un long espace de temps pour permettre à l’auteur de mettre à point certaines questions.

Avertissement, Avis aux lecteurs. — Contient des observations pratiques sur la manière de se servir de l’ouvrage.

But du livre. — Champ du livre. — Ordre du livre et marche de l’ouvrage.

233 Corps de l’ouvrage.

Le corps d’un ouvrage c’est le texte lui-même dégagé de tous accessoires tels que préface, préliminaire, appendice, tables, etc.

Le corps consiste dans les matières qui y sont traitées et c’est la partie de l’auteur ; entre ces matières, il y a un sujet principal à l’égard duquel tout le reste est seulement accessoire.

233.1 Division, sectionnement des ouvrages.

1. Notion. — Le texte se divise communément en tomes, parties, livres, chapitres, sections, paragraphes, etc. entre lesquels est distribué toute la matière.

Au sectionnement il faut des tables correspondantes. Ces facilités pour le lecteur ne doivent jamais être négligées dans des livres qu’on peut être appelé fréquemment à feuilleter.

Le but du sectionnement est de retenir l’attention, exciter l’intérêt, soulager la mémoire. Il faut y joindre une habile disposition typographique, notamment l’emploi de caractères variés, usage des vignettes et des gravures.

La division en paragraphes et les rubriques aménagées en marge permettent au lecteur de passer tout ce qu’il juge superflu pour lui.

Le traitement logique d’un sujet selon un cycle de divisions et subdivisions nettement accusées dans le texte est un progrès dans le livre scientifique et didactique. Il correspond à un développement de la ponctuation dans un double sens ; 1° c’est une ponctuation d’un degré plus élevé que le simple point (.) ; 2° c’est une ponctuation placée à la division logique de l’idée et non des seules phrases du langage qui les exprime.

Le titre est en fonction de la division adoptée. Il est comme la rubrique générale à placer en tête de la table des divisions et celles-ci sont comme autant de sous-titres du titre lui-même.

Les divisions sont de divers ordres. À côté de celles qui correspondent au développement fondamental du sujet, il y a celles qui se rapportent aux introductions et conclusions, aux conditions externes du sujet comme sa présentation, à des annexes, des tables. Ainsi on peut diviser un ouvrage en parties (livres) et lui donner outre les parties principales numérotées, une partie préliminaire (définition du sujet dans son ensemble et indication de la marche de son développement) et une partie complémentaire (par ex. l’histoire et la bibliographie du sujet). Une préface, un épilogue.

2. Historique. — Les anciens ne connaissaient pas la division d’un ouvrage en plusieurs livres, d’un poème en plusieurs chants d’étendue à peu près égale. L’Iliade et l’Odyssée comprenaient bien un certain nombre de rhapsodies qu’on pouvait réciter séparément, mais ces rhapsodies ne répondaient pas du tout à trois chants distincts et nous apprenons d’un scoliaste qu’on les écrivait à la file sans autre marque de séparation que le signe appelé Coronis. Ni Hérodote ni Thucydide ne divisèrent leurs histoires en livres. De même Xenophon. Platon, Théophraste, en un mot tous les auteurs qui ont précédé l’ère d’Alexandre.

C’est à partir de ce moment seulement que des écoles annexes de grammaire et de critique ayant été fondées en annexe à la Bibliothèque d’Alexandre, ceux-ci éprouvèrent l’embarras de retrouver un passage ou de vérifier une citation. On divisa donc chacun des poèmes d’Horace en vingt-quatre chants destinés à être écrits sur autant de petits rouleaux et désignés par la série de lettres de l’alphabet grec.

Hérodote fut partagé en neuf parties qui prirent le nom de neuf muses. Le même principe fut appliqué ensuite aux autres ouvrages. À partir des premiers Ptolemées tous les écrivains sectionnèrent eux-mêmes leurs ouvrages de longue haleine en livres de longueur uniforme.

Le morcellement des ouvrages en rouleaux à livres faisait souvent des coupures arbitraires selon l’étendue des