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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

sortit l’« English Oxford Dictionary » commencé par la Philological Society en 1842 et achevé en 1928 grâce au travail de J. A. H. Murray.[1]

c) Un dictionnaire est un catalogue de mots. C’est la matière première de la langue enregistrée et tout nouveau dictionnaire incorpore les anciens. Un dictionnaire est ainsi un ensemble de monographies classées alphabétiquement. Ces monographies peuvent être établies suivant un même plan et embrasser toutes les mêmes éléments présentés chaque fois dans un même ordre. Ainsi le Dictionnaire de la langue latine, de Freund, donne les éléments : 1° grammaticaux ; 2° étymologiques ; 3° exégétiques ; 4° synonymiques ; 5° historiques spéciaux ou chronologiques ; 6° rhétoriques ; 7° statistiques.

Dans son dictionnaire grec-français, Alexandre résume et classe nu commencement des grands articles les différents sens d’un mot, en renvoyant par des chiffres aux exemples qui les confirment.

Il existe un dictionnaire parallèle des langues russe, française, allemande et anglaise, par Ph. Reiff (Carlsruhe, 4e édition).

d) Des dictionnaires de la langue ont été établis à divers points de vue, d’après divers principes et selon divers ordres de classement : dictionnaires d’étymologie (par ex. pour le français ceux de Scheler et de Stappers), dictionnaire du type dit analogique ou des idées suggérées par les mots (par ex. ceux de Boissière et de Rouaix), dictionnaire idéologique (Robertson), dictionnaire historique des mots de la langue, dictionnaire logique (Le Blanc, Elie Blanc), dictionnaire des rimes, etc.

241.227 DESIDERATA. MÉTHODES.

a) De l’étude des encyclopédies, on peut dégager les desiderata suivants : 1° intégralité ; 2° classification méthodique adaptée au but de synthèse en même temps que d’analyse ; 3° impartialité ; 4° collaboration ; 5° continuité.

b) Les encyclopédies ont à fournir des renseignements exacts, complets et détaillés sur toutes choses, embrasser toutes les connaissances humaines en l’état actuel de la science ; toute la langue, toutes les terminologies avec les mots les plus nouveaux, tous les hommes, tous les faits, toutes les idées jusqu’à aujourd’hui.

c) La forme la plus avancée serait pour chaque science une encyclopédie systématique ; 2. éditée en connexion avec l’internationale de la science qui en détient le plan et la constitution ; 3. reliée au système de publication de cette science ; 4. établie en coopération internationale et interspéciale ; 5. que chaque chapitre ne soit pas seulement l’œuvre d’un spécialiste mais d’un comité de spécialistes de divers pays se mettant d’accord sur un texte minimum et indiquant leurs variantes propres.

d) La forme dictionnaire est appropriée au premier stade d’une science, alors qu’il s’agit de recueillir les faits. Un dictionnaire spécial peut être entrepris par un groupe d’hommes disposés à poursuivre des observations annotées et à dépouiller du point de vue de la science et de ses questions les sources documentaires qui existent. Il est travaillé selon un plan d’après lequel la matière est répartie par ordre alphabétique. Le travail est réparti entre collaborateurs. On fait usage de fiches d’un format arrêté d’avance. Chacun établit sur elle la matière dont il a accepté la charge. Un double des fiches est remis au Secrétaire qui collectionne le tout. Quand tout est centralisé, un Comité de rédaction met de l’ordre et rédige en forme le ou les dictionnaires.

e) Parlant du Dictionnaire de la Bible, Vigoroux s’exprime ainsi : « Un dictionnaire de la Bible ne saurait remplacer un commentaire. Un dictionnaire doit noue dire nettement, précisément, sans verbiage, sans parti pris, ce qu’on sait actuellement de certain ou de probable d’un tel personnage, tel fait, telle théorie. Les articles d’un dictionnaire doivent être comme des monographies détaillées quoique concises : ils doivent résumer et condenser à notre usage ce qui a été écrit de plus judicieux sur chaque point particulier. »

f) Il ne faut pas se méprendre sur le caractère et la valeur du travail encyclopédique. Sainte-Beuve, bien qu’avec une exagération malheureuse, a écrit : « La moindre lettre de Pascal était plus malaisée à faire que toute l’Encyclopédie. » La vérité est celle-ci : le travail de création et de synthèse est une chose ; le travail de collectionnement, de réédition, de classement, de résumé et de définition en est une autre. Deux travaux également utiles et absolument nécessaires. Toute synthèse ne vaut que parce qu’elle repose sur des faits abondants et contrôlés ; tout inventaire de ces faits vaut surtout s’il peut conduire à des synthèses.

g) Les auteurs, des éditeurs et des libraires se sont spécialisés dans le domaine des dictionnaires.[2]

Edison avait une bibliothèque constituée uniquement de dictionnaires. Cela lui épargnait beaucoup de temps, car il y trouvait rapidement l’information dont il avait besoin.

h) Sur la conception d’une encyclopédie rationnelle, universelle, internationale, voir l’exposé dans la 4e partie.

241.31 Revues. Périodiques proprement dits.
241.311 NOTION.

a) Par publications périodiques on entend au sens large les journaux politiques, littéraires, scientifiques ou professionnels, ainsi que les publications de même ordre

  1. A survey of english dictionaries by Μ. M. Mathews, Oxford University Press, London.
  2. La Maison des dictionnaires réunissait dans son catalogue tous les dictionnaires connus (Paris, 6, rue Herschel).