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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

public. En France, ce qu’on appela journaux de lecture et de récréation n’apparut que plus tard. Les premières revues pour les enfants parues à Brooklyn aux États-Unis (The Young Misses’Magazine) suivies d’un grand nombre à partir de 1870.

7. La fin du XIXe siècle vit se produire les grandes revues scientifiques sous l’empire d’une réaction et aussi par nécessité d’une communication plus ample, plus rapide et plus étendue entre savants. Ainsi la Classical Review (1887), l’Asiatic Review (1875), La France fut en avance sur ces types de revues, car le Journal du Palais (Droit) date de 1672 et les Nouvelles découvertes dans toutes les parties de la médecine de 1679.

8. L’illustration dans les périodiques arrive dès les années soixante. L’English Illustrated Magazine est de 1864. C’est l’un des ancêtres du périodique illustré. En 1871 le Strand Magazine obtient un immense succès au moment même où W. T. Stead crée la Review of Review. Très tôt en France paraissait Le Tour du Monde de Charton et L’Illustration qui demeure le maître parmi les illustrés. Il faut attendre le XIXe siècle pour voir se constituer des revues proprement dites et la fin de ce siècle pour assister à l’efflorescence des organes des corps scientifiques et professionnels de toute catégorie.

241.313 BUT. FONCTION.

La Revue prend place entre le Livre et le Journal et sa fonction s’en trouve déterminée. Le Livre est généralement une œuvre individuelle sur un sujet particulier et qui est achevé au moment de sa parution. Le Journal est dû aussi à une collaboration, mais il paraît d’ordinaire tous les jours et contient des nouvelles de toutes espèces. La supériorité du Périodique sur le Livre provient de la spécialité de ses articles émanant chacun d’une compétence. L’auteur d’un livre n’est pas également versé dans tous les domaines du sujet qu’il traite et cela se constate en le lisant. Les revues sont devenues les moniteurs, les journaux de l’information dans tous les domaines. Elles assurent à tous l’information rapide de toutes les nouveautés, dans le domaine des lettres, des arts, des sciences, de l’éducation, de la philosophie, de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, de l’économie politique et sociale, etc. Le Congrès International de la Presse Technique et Professionnelle (1929) a proclamé que c’est à la Presse technique que revient le rôle de diffuser de par le monde les derniers progrès. Une bonne revue ne peut laisser passer d’idées neuves sans les signaler et les discuter. Ne pas confondre un périodique avec un ouvrage publié par livraison. Ainsi Spencer a publié ses premiers principes par livraisons périodiques. Six livraisons formaient un volume. Souvent les articles publiés dans nos revues par un auteur donnent lieu à publication d’un livre. Mais toute la matière scientifique qui figure dans les périodiques est loin de passer en forme de livre. Ainsi notamment en astronomie. Les journaux quotidiens eux renferment abondamment la matière de l’Histoire au jour le jour et à ce titre ils doivent être conservés. Les revues devraient supposer l’existence des grands ouvrages imprimés auxquels leurs articles font naturellement suite, ouvrage de longue haleine déjà fortement en retard sur ce que l’on peut avoir appris au moment de leur parution. Les revues ont une valeur durable : a) parce que la science ne se renouvelle pas totalement tous les trois ou quatre ans ; b) parce qu’elles contiennent le développement historique des questions ; c) parce que les conditions financières des travailleurs individuels ne leur permettent pas de renouveler périodiquement les livres mêmes de leur bibliothèque. Cependant les périodiques anciens n’ont pas une égale importance pour toutes les sciences et cela à raison du caractère des sciences traitées. Ainsi les périodiques de Mathématiques, de Philosophie, d’Histoire, par exemple, ont une valeur permanente ; ceux de Médecine et de Technique, par contre, sont vite périmés.

241.314 CLASSES DES PERIODIQUES.

Les périodiques se divisent en deux classes principales : 1° les périodiques publiés d’une manière indépendante ; 2° les publications qui apparaissent sous les auspices d’un corps. Les unes ont un nom individuel (ex. Annales de Bretagne), les autres ont un titre général (ex. Rapport, Bulletin, Journal). En principe chaque organisme tend à avoir sa Publication périodique, Revue ou Bulletin, en laquelle sont publiées les informations qui le concernent. En attendant la possibilité de créer leur propre publication, certains organismes disposent d’une partie ou rubrique dans les publications de tiers. La coopération pourrait conduire les associations à s’entendre pour publier ensemble ou par groupes similaires un périodique collectif. Dans une couverture commune, elle contiendrait des feuilles ou cahiers mobiles. Il y aurait là économie d’impression et de transport en même temps que bonne division du travail et bien des publications d’étendue réduite pourraient se présenter ainsi avec plus d’aspect, être sûres d’avoir accès dans les bibliothèques.

La Revue est une forme en évolution constante et à la recherche de son propre équilibre. Elle tend tantôt vers le Journal, tantôt vers le Livre (quand par ex. un numéro entier est consacré à une même question, à une même œuvre, à une même personnalité et qu’il en est fait un tirage spécial parfois numéroté.[1]

  1. Exemple : Le n° 7 de L’Architecture d’aujourd’hui, consacrée à l’œuvre d’Émile Perret. Un autre numéro sera consacré à la Russie.

    Nosokomeion, revue trimestrielle des hôpitaux, Stuttgart, Kohlhammer. Chaque numéro constitue un volume de plus de 300 pages, édité en plusieurs langues. Les études ou articles publiés en langues étrangères sont suivis d’un résumé en français. Illustrations abondantes.