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DISTRIBUTION DU LIVRE

deutschen Buchhändler » ou Bourse des libraires est devenu une institution appartenant à l’ensemble de la corporation. Fondé en 1825, le nombre des membres est de 338 (1830), 1156 (1875), 3562 (1913), 5264 (1932). La Bourse est installée dans la Deutsche Buchhandlerhaus.

Une comptabilité centrale est à la base, ainsi qu’une réglementation générale et une concentration des expéditions. Le Börsenblatt für den Deutschen Buchhandel est la propriété de l’Association, ainsi que la Bibliographie (Hinrichs) est l’Annuaire officiel de la librairie allemande. L’École supérieure de librairie a été fondée en 1851. Dès 1888 commença la réglementation commerciale des libraires et la réglementation de la vente au public. Les infractions à ces règlements entraînaient d’une part l’exclusion du Börsenverein et l’interdiction de profiter de ses institutions et établissements, d’autre part le « boycottage ». Ces règlements assurent à l’Association une autorité absolue. Leipzig a grandi sans cesse en importance comme ville du livre. Elle parvint à s’assurer par le système des livraisons à condition, un quasi monopole de la vente des productions des éditeurs. Déjà en 1839, il y avait parmi les libraires représentés à Leipzig, 701 maisons d’édition. Il était trop compliqué et trop coûteux pour le libraire de passer ses commandes et de renvoyer directement ses invendus aux différents éditeurs. À Leipzig tout le trafic de livres pouvait se faire relativement vite et sans trop de frais. Dès 1842 fut créé un « Bureau de commandes » qui se chargea de distribuer rapidement aux destinataires le courrier des libraires arrivé chez les commissionnaires. Le nombre de maisons représentées augmenta de 2662 (1844) à 10980 (1914). En 1926 fut créé le « Bureau d’échange de colis » (Pakettauchstelle). En Allemagne le nombre des libraires était de 500 au début du XIXe siècle ; vers 1850 leur nombre atteignit 1750. Ce nombre s’accrut beaucoup après que la liberté professionnelle eut été officiellement reconnue. La librairie allemande fait facilement des remises de 40 % à l’étranger. Elle considère la vente des livres en d’autres pays comme un moyen de propagande et non pas uniquement comme une transaction commerciale. Elle n’hésite pas à envoyer les ouvrages en communication.

Le Börsenverein a arrêté en avril et mai 1933 un ensemble de mesures pour prendre sa place dans le IIIe Reich et travailler selon les principes qui président à l’organisation nouvelle de la Nation allemande. Tous les commerçants allemands du livre seront désormais obligés de faire partie du Börsenverein. Le commerce du livre sera « concessionnalisé », une part active et décisive étant accordé au Börsenverein dans l’organisation et l’application du système de concessions. Toutes les entreprises d’édition ou de librairie qui sont actuellement gérées par l’administration publique seront transmises à des entreprises privées. Il sera interdit aux syndicats, aux associations, aux partis politiques, d’exploiter des entreprises de librairie. Lutte pour la dépréciation du prix des livres ; examen obligatoire d’état pour les commis libraires ; mesures contre les clubs de livres, entreprises à la fois d’édition et de librairie, qui devront être reprises par des maisons d’édition et de librairie ; interdiction de la vente des livres par les grande magasins ; mesures contre les bibliothèques modernes de prêt de livres. Un comité d’action a été nommé, avec pleins pouvoirs, composé de cinq personnes, dont un représentant du Ministre de l’Éducation populaire et de la Propagande, deux éditeurs et deux libraires ; de ces quatre derniers, trois appartiennent au parti National-Socialiste. Les diverses associations professionnelles et régionales d’éditeurs et de libraires affiliés au Börsenverein ont été invitées à procéder à un renouvellement de leurs comités.[1]

b) Aux États-Unis.[2] — On y poursuit une surveillance et une réglementation librement acceptée. Les contrôles du budget et des stocks en librairie, la collaboration pour la propagande, l’information du libraire sur les nouveautés (publicité faite par les éditeurs pour les libraires). — Multiplication des postes de vente des livres. Publications centralisées de bulletins bibliographiques destinées à la distribution par les éditeurs à leurs clients. Études généralisées du lecteur et du marché. Informations à ce sujet données par le libraire à l’éditeur.

Organisation d’exposition de nouveautés à chaque renouvellement de saison ou pour des commémorations. Réglementation stricte des usages commerciaux : date de mise en vente des livres, vente aux prix marqués, délai avant la réédition à bon marché d’un livre, réglementation des soldes d’éditeurs, avertissements donnés à l’avance des rééditions et des soldes projetés par les éditeurs.

Aux États-Unis, on prévoit la disparition progressive des librairies privées et leur remplacement par les marchands de journaux et les drug stores (pharmaciens). La cause ? Trop de livres, trop de publicité, trop de bluff organisé autour des nouveautés toujours sensationnelles, l’inflation sur toute la ligne.

c) La librairie hollandaise a une très ancienne organisation. Le Bestelhuis d’Amsterdam est une institution collective de la librairie très perfectionnée.

d) En France, La Maison du Livre est née d’un acte de sympathie de 150 éditeurs et de 800 libraires. Elle est un des agents les plus actifs de la propagation du livre français dans le pays comme à l’étranger.

Les services comprennent :

1° Le Service de Distribution des bulletins de commande, qui achemine rapidement chez les divers éditeurs les commandes des libraires en leur économisant des frais de poste.

  1. Voir Börsenblatt, 3 et 18 mai 1933.
  2. Rapport Cheney sur les conditions économiques du livre aux États-Unis.