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OFFICES ET SERVICES

ont cet objet au sein des grandes institutions, principalement les bibliothèques, soit d’institutions autonomes : les Offices de Bibliographie.

b) Les Offices sont nés de deux nécessités : 1° Celle de donner plus d’ampleur au travail bibliographique en le confiant à un personnel spécialisé qui puisse lui assurer la rapidité, la régularité et la continuité qui font défaut aux travaux entrepris par des auteurs individuels et volontaires. L’organisation la plus efficiente de la bibliographie est en effet devenue une fonction du monde scientifique, eu égard à la continuité et à l’efficience de la recherche scientifique elle-même.

2° La nécessité de rendre ces travaux indépendants de l’impression trop onéreuse par leur extension même. Les Offices ont pu poursuivre leurs travaux à l’état de manuscrit permanent.

c) Les travaux des offices sont donc tantôt à l’état de prototype, originaux et non publiés, tantôt à l’état d’impression. Ils sont ou non accessibles au public, gratuitement ou moyennant rémunération : on peut les consulter sur place où seules des copies sont délivrées après demande par correspondance.

d) L’Office International de Bibliographie, qui a été créé en 1893, est le premier office en ordre de date et il a pris immédiatement la forme coopérative et internationale. Depuis les offices se sont multiplié, soit généraux pour un pays, soit spéciaux pour une branche de science ou d’activité. Les bibliothèques qui avaient réalisé d’admirables catalogues de leurs livres, les éditeurs de bibliographies de livres qui avaient créé des organisations pour leurs publications, se sont trouvés débordés quand à la fin du siècle dernier, les périodiques scientifiques ont été produits de toutes parts et ont eu bientôt concentré le plus récent et le plus important de la production en sciences. Il était impossible à chaque bibliothèque de répertorier le contenu des périodiques qu’elle recevait. La fonction nouvelle créa l’organe nouveau.

c) Mais de nos jours un mouvement nouveau se dessine. Les grandes bibliothèques ont à ce point développé leurs séries et collections qu’elles sont devenues de véritables centres de documentation intégrale.[1] À côté d’elles, surtout dans les pays anglo-saxons, se sont multipliées les Bibliothèques spéciales (Special Libraries), qui sont devenues de véritables offices de documentation (Information Bureau).

261.2 Opérations d’un Office.

Les opérations d’un Office de Documentation peuvent être réalisées à quatre degrés.

I. La Bibliographie proprement dite organisée en répertoires de la manière dite au n° 255 et dont l’ensemble soit aussi un duplicata fragmentaire du Répertoire Bibliographique Universel.

II. Répertoires autres que le Répertoire Bibliographique. 1° Répertoires biographiques : renseignements sur les auteurs (à combiner avec le répertoire bibliographique par auteurs). 2° Répertoires des pseudonymes (idem). 3° Répertoire des Éditeurs (à combiner avec le répertoire général des personnes, collectivités et matières). 4° Répertoire des termes bibliographiques, en annexe. 5° Répertoire des abréviations (à combiner les unes avec les termes bibliographiques, les autres avec le Répertoire Bibliographique des auteurs, périodiques). 6° Répertoire des mots-matières (à combiner avec l’Index alphabétique des Tables de la classification décimale).

Ces divers répertoires existent en germe et ont fait l’objet de discussions ou de simples études. L’Office International de Documentation s’est attaché à les concevoir comme des parties d’un Répertoire Universel et s’appuyant les uns sur les autres.

III. La Bibliographie est une partie de la Catalographie Générale des Documents. Celle-ci s’est étendue aussi aux estampes et gravures, aux photographies, aux cartes et plans, à la musique, à l’épigraphie, aux monuments et médailles, aux disques phonographiques, aux films cinématographiques, les pièces des musées et les objets présentés pour des buts de documentation. Au delà les données de la nature, de la technique, de l’archéologie. D’où cette conséquence : nécessité de concevoir un catalogue général embrassant toutes les espèces et toutes les formes de documents, élargissant les cadres du Répertoire Bibliographique Universel qui n’en est donc qu’une partie, et traitant des autres parties selon une méthode analogue (notice, description, fiche ou élément pour les établir, classification, coopération).

IV. À un degré ultérieur la catalographie peut s’étendre indistinctement à tout ce qui peut aider le travail scientifique ou la vie pratique et donner lieu ainsi à nombre de Répertoires utiles.

261.3 La recherche bibliographique.

La recherche bibliographique donne lieu aux observations suivantes :

a) La recherche peut porter sur un ouvrage, un auteur, une question, une matière ou sur une science toute entière.

b) Elle peut porter sur n’importe quelle caractéristique des ouvrages dont on connaît seulement l’un ou quelques caractères individuels, l’un des caractères (par ex. l’auteur, le titre, l’éditeur ou le lieu de publication, etc.) ou seulement la classe (par ex. le sujet, le lieu ou le temps traités).

c) La recherche peut s’opérer suivant deux modes : 1° Avec des répertoires bien établis et relativement com-

  1. Sur l’organisation pratique d’une section catalographique dans une Bibliothèque, voir J Van Hove : Bulletin de la Presse Périodique belge, 1933, n° 1.