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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/348

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BIBLIOTHÈQUES. COLLECTIONS

maines de l’activité. 6° Les bibliothèques des associations et des institutions internationales, dont l’objet est de réunir autant que possible les publications de tous les pays relatives à leur spécialité. Ces dernières catégories de bibliothèques sont particulièrement intéressantes à raison de leur spécialité. Elles sont avant tout destinées à leur personnel, s’il s’agit d’institutions, à leurs membres, s’il s’agit d’associations. Toutefois elles sont généralement accessibles aux travailleurs qui en sollicitent l’usage.

Les bibliothèques peuvent aussi être disposées spécialement pour diverses catégories de lecteurs. Les grandes catégories sociales s’affirment ici : les hommes et les femmes, les enfants, les vieillards ; les malades, aveugles, prisonniers, les travailleurs de l’agriculture, des industries, des mines, de la pêche, les employés, etc.

La bibliothèque du type universitaire se distingue de la bibliothèque publique en ce qu’elle n’est pas destinée aux personnes de tout âge, et de matière, d’intelligence et d’expérience, mais aux étudiants, aux professeurs, aux spécialistes, aux chercheurs. À ce type se rattachent les bibliothèques scientifiques dites de recherches, organisées au sein des instituts.[1]

Les cabinets de lecture sont des lieux publics où, moyennant une rétribution, on lit des livres et des journaux. De nouvelles formes de bibliothèques sont sans cesse produites. Bibliothèques dans les jardins (Madrid, Home), bibliothèque circulante organisée en voiture de tramway (Munich), en autobus (États-Unis). Bibliothèques dans les trains (Tchécoslovaquie). Projet de bibliothèque postale (Belgique). Bibliothèque en liaison avec les conférences par radio (League of Nations Union, Londres).

262.22 La Bibliothèque publique.

La Bibliothèque publique ne peut être tenue comme une œuvre de charité mais comme un véritable service public, comme une branche principale de l’enseignement post-scolaire. Elle doit, à ce titre, être au premier chef un facteur puissant du développement intellectuel et moral de la nation.

La Bibliothèque publique ou Bibliothèque municipale est entretenue au moyen de taxes ou de dons volontaires. Elle fonctionne dans le cadre de la loi. Elle n’est pas réservée à une classe spéciale comme les bibliothèques de sociétés savantes ou d’universités : elle est destinée à la communauté, à toute personne.

La bibliothèque municipale, dit M. Coyecque, dans ses publications récentes, est faite pour tout le monde. Elle s’adresse à tous, elle est collectivement la bibliothèque personnelle de chacun, les uns y trouvant le complément de celle qu’ils possèdent, les autres la compensation de celle qu’ils n’ont pas. Distraire, instruire, informer, voilà, dit-il, le programme intégral de la bibliothèque municipale.

Les bibliothèques municipales offrent ce trait commun : œuvre de vulgarisation scientifique et littéraire en même temps que centres d’information pratique, elles ne sont pas comme les savantes, des conservatoires dont les effectifs, gardés et perpétués, s’accroissent indéfiniment ; chez elles les livres passent et ne demeurent ; il s’agit ici moins de quantité que qualité ; la bibliothèque met à la disposition du public ce qu’il y a de meilleur et de plus récent, pour la forme, pour le fond, et pour l’un et l’autre, et en l’espèce, ces deux termes sont souvent connexes ; dans les domaines scientifiques, techniques, professionnels, sociologiques, l’ouvrage tenant compte des derniers progrès ou de la dernière législation ; en littérature, des représentants de tout le mouvement contemporain, des spécimens de tous les genres, des produits de toutes les écoles ; pour les classiques des éditions récentes, aussi attrayantes qu’étaient retardataires celles de la vieille pédagogie, dans les domaines de l’histoire, l’ouvrage qui utilise les prodigieuses ressources de la photographie et de ses dérivés industriels.

La Bibliothèque municipale est doublement encyclopédique ; elle embrasse à la fois l’ensemble des connaissances et l’ensemble de la population ; il n’y a pas une branche du savoir qui n’y trouve sa place ; il n’est personne dans la cité qui n’ait intérêt à s’en servir, ne fût-ce que pour apprendre ou connaître ceux qui la fréquentent régulièrement.

La Bibliothèque est un des organes de la vie collective, ni plus ni moins nécessaire ou superflu que les autres, le réservoir, le gazomètre, le marché ou l’école ; c’est le magasin d’approvisionnement intellectuel. C’est en dernière analyse, et par-dessus tout, l’atelier où doit se former l’esprit public, dans des conditions supérieures à celles que comportent les deux autres façonniers de l’opinion, la conférence et le journal.

Une bibliothèque n’est pas un « magasin de livres où l’on se borne à distribuer des numéros » : c’est une œuvre d’enseignement public dont peuvent et doivent dépendre dans une large mesure l’éducation de la nation et la formation de l’esprit public.

Les principes exposés dans ce traité ont pour but d’établir la bibliothèque suivant les données rationnelles. L’ensemble des livres que la bibliothèque contient forme un organisme dont toutes les parties sont solidaires. Embrassant l’intégralité des connaissances, elle est encyclopédique ; disposant les ouvrages suivant les cadres d’un ordre rigoureux, elle est conforme à la classification des connaissances. Semblable bibliothèque est l’image de la science elle-même ; ses livres, pourvu qu’ils soient choisis parmi les meilleurs, les plus clairs et les plus récents, sont l’expression écrite même des connaissances.

  1. Waas — Volkstumliche und Wissenschaftliche Bibliotheken. Zentralsblatt für Bibliothekswesen, 1926, p. 476-79.