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ORGANISMES DOCUMENTAIRES

423 Organismes documentaires (3e échelon de l’organisation générale).

L’organisme documentaire est formé de l’ensemble des diverses collections, constituant elles-mêmes des ensembles de documents. Il réalise ainsi le troisième échelon de l’organisation internationale.

Il s’agit ici de la manière de constituer l’organisme documentaire lui-même, destiné à réaliser l’unité organique entre le personnel, les travaux et les collections.

a) Il y a lieu de tenir pour les organismes de la documentation les organismes suivants (dont il a été traité déjà sous le n° 26) : 1° Les Bibliothèques (générales ou spéciales, des types dits scientifiques ou publics). 2° Les Archives anciennes. 3° Les Musées. 4°) Les Bureaux administratifs. 5° Les Offices de documentation qui participent de la nature des divers organismes précédents et qui sont eux-mêmes de deux sortes : a) les Offices ou Services de documentation soit indépendants, soit rattachés à des institutions scientifiques, des administrations publiques, des établissements ayant des buts sociaux ; b) les Offices ou Services d’information et de documentation des organismes industriels, commerciaux ou financiers. 6° Les cabinets de travail, les bibliothèques privées, les studios des travailleurs intellectuels où l’on trouve aménagés les collections de livres, les documents et répertoires en vue de l’étude et de l’élaboration des travaux intellectuels.

b) Quant à leur objet, ils sont généraux (encyclopédie) ou spéciaux. Quant à leur action et leur organisation, ils sont locaux, régionaux, nationaux, internationaux (mondiaux). Quant à leur caractère, ils sont les uns officiels, les autres privés, et certains sont mixtes.

c) La Documentation intéresse tous, mais à des titres et dans des proportions différentes. Deux sortes d’organismes y sont relatifs : les organismes proprement documentaires, ceux dont la documentation est la fonction principale et les organes accessoirement documentaires. Le concours de ces derniers est précieux comme producteur, distributeur ou utilisateur.

d) Organes accessoirement documentaires. — 1° Les Académies, les Sociétés scientifiques sont des centres de documentation. Elles se réunissent pour entendre des communications de leurs membres et les discuter. Elles ont des correspondants avec lesquels elles entretiennent des relations et qui les mettent à même de recevoir beaucoup d’informations. Elles font des publications et organisent une bibliothèque, souvent des archives.

2° Les Laboratoires et Instituts de recherches. — Ils possèdent généralement une documentation dans le domaine de leur objet. Il en est d’espèces assez différentes. Les Laboratoires biologiques, les laboratoires physiques et chimiques, les laboratoires industriels consacrés à l’étude des matières premières, des produits et des machines. Les Instituts de Sciences humaines et sociales.

3° Les Universités, établissements d’enseignement, écoles doivent être tenus aussi comme des centres de documentation. Ils procèdent en principe par la transmission orale de l’enseignement. Mais d’une part, les maîtres s’acquittent volontiers des fonctions d’informateur individuel et d’autre part, des bibliothèques, musées, archives et des collections de livres, d’objets, de documents, sont presque toujours annexées à ces institutions.

4° Associations internationales. — Elles sont nombreuses et certaines fort puissantes. On en a relevé 520 depuis 1842, la première en date.[1] Elles commencent par un Comité, puis un Congrès, un Bureau permanent, une transformation en association, finalement une organisation avec offices et services multiples. Chaque science, chaque branche d’actualité doit avoir son association internationale propre. On distingue trois types d’association internationale : celle qui s’occupe de la science du sujet et à qui appartient l’organe ; celle qui s’occupe des hommes qui professent la profession (protection, droit, défense économique et syndicale) ; celle qui s’occupe de donner son statut à la fonction sociale. Les associations internationales sont actives dans le domaine de la documentation (publication, collection, classification, etc.).

e) Office de documentation. — Un type nouveau d’institution est né : l’office de renseignement, d’information, de documentation. Des noms très divers lui ont été donnés (Service d’information, Bureau de renseignements, etc.). L’office est-il un type sui generis à côté de la Bibliothèque, du Musée, des Archives ? Il ne semble pas. L’office est né d’une carence quadruple des bibliothèques. 1° carence en ce qui concerne le collectionnement des nouvelles espèces de documents sortant du cadre traditionnel ; 2° carence en ce qui concerne les méthodes les plus avancées pour le collectionnement, la mise en place, le classement et le catalogue ; 3° carence en ce qui concerne la spécialisation de la documentation ; 4° carence en ce qui concerne les services divers à rendre aux utilisateurs de documents (bibliographie, analyse, copie, etc.). Sur ces quatre points les bibliothèques du type traditionnel ont été débordées et la vie plus forte a, avec des organes nouveaux, pu s’adapter à des fonctions nouvelles ou élargies. Mais beaucoup de bibliothèques à leur tour ont suivi le mouvement, tandis que dans la conception théorique de la documentation, la ligne de démarcation est impossible à tracer. Il est donc désirable que les deux mouvements (Bibliothèques et Offices de documentation) se rejoignent, s’allient, se fusionnent même dans le cadre d’une organisation universelle.

L’Office de Documentation aura été nécessaire puisqu’il y a eu un moment de stagnation dans le développement de la Bibliothèque. Mais maintenant que l’œuvre d’excitation, de propulsion et de création a été effectuée, les deux

  1. Voir Annuaire de la Vie Internationale, publication n° 47 de l’Union des Associations Internationales.